Qu’est-ce que la précarité menstruelle ?
La question de la précarité menstruelle, qui désigne le fait pour les femmes de ne pas avoir les moyens de s’acheter les protections périodiques dont elles ont besoin, s’impose de plus en plus dans le débat public.
D’après un sondage Ifop de 2017 pour l’association Dons solidaires, 1,7 million de femmes manqueraient de protections périodiques, au premier rang desquelles les femmes sans-abri, les travailleuses en situation de précarité ou encore les étudiantes.
Si en 2016, la TVA, alors appelée « taxe tampon », est passée de 20 % à 5,5 %, les fabricants n’ont guère joué le jeu et les prix sont restés sensiblement les mêmes dans les rayons des magasins. Des distributeurs gratuits au sein des établissements scolaires et universitaires avaient déjà été mis en place dès 2018 en Écosse, qui a encore franchi un cap en devenant le premier pays au monde à voter la gratuité des protections périodiques pour toutes les femmes.
En France, une expérimentation menée depuis le mois de septembre 2020 dans 31 lycées franciliens a permis l’implantation de distributeurs gratuits de protections périodiques, équipements qui vont être installés d’ici le printemps 2021 dans les 465 lycées publics de la région. Jusqu’alors certaines mutuelles remboursent les tampons et serviettes hygiéniques, mais ce n’est pas le cas de la CPAM de Paris, les résultats de cette expérimentation seront très intéressants à analyser en vue d’apporter des solutions concrètes à la précarité menstruelle.
Lutte contre la précarité menstruelle : de nombreuses initiatives locales
Christophe Boutet, proviseur du lycée professionnel Charles-Baudelaire de Meaux (Seine-et-Marne), a déclaré à l’AFP avoir été, dans un premier temps, plutôt sceptique quant à l’intérêt de ces distributeurs, fournis par la société française Marguerite & Cie. Mais face à l’engouement des lycéennes et aux distributeurs dévalisés, force a été de constater que le besoin était réel.
Dans le même lycée, alors que l’infirmière scolaire avait l’habitude de distribuer tampons et serviettes à 4 ou 5 jeunes filles par jour, une centaine de protections sont retirées chaque semaine au distributeur, signe que la gêne était parfois trop grande pour formuler la demande.
Plusieurs initiatives locales avaient déjà vu le jour ces derniers mois, dans les lycées, les universités, mais aussi les collèges. Ce fut ainsi le cas en Bretagne, dans les IIème, Vème, Xème et XIVème arrondissements de Paris, mais aussi à Lille, en Seine-Saint-Denis et en Loire Atlantique.
Cette prise de conscience avait été provoquée en mars 2019 par la campagne #StopPrécaritéMenstruelle, lancée par Les Petites Glo, une newsletter féministe pour adolescentes. Derrière cette campagne, Rebecca Amsellem, fondatrice des Petites Glo et des Glorieuses, réclamait alors l’installation de distributeurs gratuits de protections périodiques dans tous les collèges et les lycées publics de France.
La région Île-de-France sera la première région du pays à généraliser l’installation de ces distributeurs. Par ailleurs, la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, et le ministre de la Santé Olivier Véran ont annoncé, à compter de 2021, une enveloppe de 4 millions d’euros supplémentaires pour la lutte contre la précarité menstruelle, soit un budget total de 5 millions d’euros.