Santé et dérives sectaires : alerte sur la montée des pratiques pseudo-thérapeutiques Lecture : 3 min
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Santé et dérives sectaires : alerte sur la montée des pratiques pseudo-thérapeutiques

À une époque où la quête de bien-être devient parfois désespérée, certains n’hésitent pas à exploiter la souffrance pour proposer des solutions prétendument miraculeuses. C’est ce que met en lumière le tout dernier rapport de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), rendu public ce mardi 8 avril. Ce document, très attendu depuis deux ans, dresse un état des lieux alarmant : les dérives liées aux pratiques de soins non conventionnelles explosent, avec la santé comme principal levier d’emprise. Ce sont ainsi des patients vulnérables, en quête de soulagement ou d’espoir face à une maladie grave, qui deviennent les cibles idéales d’un marché parallèle en pleine expansion. Derrière des discours séduisants, une image "naturelle" et rassurante, se cachent bien souvent des pratiques pseudo-thérapeutiques, sans fondement scientifique, inefficaces, voire dangereuses.

Derrière la promesse, le piège : les risques bien réels des pseudo-soins

Parmi les cas évoqués, celui d’un appareil testé dans une clinique nantaise illustre bien les dérives actuelles. Présenté comme capable de traiter Alzheimer, autisme, troubles du sommeil ou encore hypersensibilité émotionnelle, il ne repose sur aucune preuve validée. Pourtant, il continue d’être utilisé, au mépris des règles élémentaires de prudence médicale.

La conséquence est lourde :

  • retard de diagnostic,
  • absence de traitement adapté,
  • mise en danger de la vie des patients.

Le danger ne s’arrête pas là. Ces "soins" s’accompagnent parfois d’une emprise mentale, avec isolement social, pression financière ou soumission psychologique. Des signes caractéristiques des phénomènes sectaires, analysés en profondeur dans ce rapport.

Les malades du cancer, des cibles de choix pour les dérives thérapeutiques

La santé représente à elle seule 37 % des signalements traités par la Miviludes entre 2022 et 2024. Ce chiffre illustre à quel point la médecine parallèle attire, notamment lorsqu’elle se présente comme une dernière chance. Pour les malades du cancer, ces moments de fragilité, l’annonce de la maladie, une rechute, un échec thérapeutique, sont autant de portes ouvertes à l’intrusion de pseudo-thérapies. Un enjeu si fort qu’un partenariat a été noué entre la Miviludes et la Ligue contre le cancer, afin de renforcer la prévention et la vigilance.

Une offre parallèle de plus en plus structurée… et virale

Séminaires, formations, coachings, stages d’"auto-guérison" : les approches pseudo-thérapeutiques se professionnalisent. Leurs promoteurs, souvent bien implantés sur les réseaux sociaux, surfent sur des valeurs rassurantes : retour à la nature, médecine douce, autonomie du corps. En face, la médecine conventionnelle souffre parfois d’un déficit d’image, perçue comme froide ou inaccessible.

La période post-Covid a aussi joué. L’isolement, l’anxiété et la perte de repères ont laissé des vides que ces discours alternatifs ont su combler. Et dans les zones où l’accès à un professionnel de santé devient un parcours du combattant, le recours à des thérapeutes auto-proclamés devient une option, faute d’autre chose.

Un renforcement de l’arsenal juridique face à l’ampleur du phénomène

Face à la gravité des faits, les autorités ont réagi. En mai 2024, une nouvelle loi est venue étoffer le cadre juridique permettant de lutter plus efficacement contre les dérives sectaires dans le champ de la santé. De nouveaux partenariats stratégiques ont également été noués, notamment avec l’EHESP ou la DGCCRF, pour croiser les expertises en matière de santé publique, de protection des patients et de régulation économique.

Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2023 et 2024, 80 dossiers ont été transmis à la justice, contre 33 l’année précédente. Une hausse de 140 %, qui montre à quel point la vigilance s’impose.

Redonner du sens et de la sécurité aux parcours de soin

Loin de stigmatiser la recherche de solutions complémentaires, la Miviludes rappelle qu’il est essentiel de garder un cadre médical rigoureux. La vraie solution réside dans un accompagnement humain, attentif, et scientifiquement fondé. Il est plus que jamais nécessaire de développer l’éducation à la santé, de renforcer l’accès aux soins dans les territoires fragiles, et d’outiller les citoyens pour qu’ils puissent déjouer les pièges tendus par des discours enjôleurs.

Consultez ici le rapport d'activité de la MIVILUDES 2022-2024.

 

Photo OpenAI


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