Derrière la promesse, le piège : les risques bien réels des pseudo-soins
Parmi les cas évoqués, celui d’un appareil testé dans une clinique nantaise illustre bien les dérives actuelles. Présenté comme capable de traiter Alzheimer, autisme, troubles du sommeil ou encore hypersensibilité émotionnelle, il ne repose sur aucune preuve validée. Pourtant, il continue d’être utilisé, au mépris des règles élémentaires de prudence médicale.
La conséquence est lourde :
- retard de diagnostic,
- absence de traitement adapté,
- mise en danger de la vie des patients.
Le danger ne s’arrête pas là. Ces "soins" s’accompagnent parfois d’une emprise mentale, avec isolement social, pression financière ou soumission psychologique. Des signes caractéristiques des phénomènes sectaires, analysés en profondeur dans ce rapport.
Les malades du cancer, des cibles de choix pour les dérives thérapeutiques
La santé représente à elle seule 37 % des signalements traités par la Miviludes entre 2022 et 2024. Ce chiffre illustre à quel point la médecine parallèle attire, notamment lorsqu’elle se présente comme une dernière chance. Pour les malades du cancer, ces moments de fragilité, l’annonce de la maladie, une rechute, un échec thérapeutique, sont autant de portes ouvertes à l’intrusion de pseudo-thérapies. Un enjeu si fort qu’un partenariat a été noué entre la Miviludes et la Ligue contre le cancer, afin de renforcer la prévention et la vigilance.
Une offre parallèle de plus en plus structurée… et virale
Séminaires, formations, coachings, stages d’"auto-guérison" : les approches pseudo-thérapeutiques se professionnalisent. Leurs promoteurs, souvent bien implantés sur les réseaux sociaux, surfent sur des valeurs rassurantes : retour à la nature, médecine douce, autonomie du corps. En face, la médecine conventionnelle souffre parfois d’un déficit d’image, perçue comme froide ou inaccessible.
La période post-Covid a aussi joué. L’isolement, l’anxiété et la perte de repères ont laissé des vides que ces discours alternatifs ont su combler. Et dans les zones où l’accès à un professionnel de santé devient un parcours du combattant, le recours à des thérapeutes auto-proclamés devient une option, faute d’autre chose.
Un renforcement de l’arsenal juridique face à l’ampleur du phénomène
Face à la gravité des faits, les autorités ont réagi. En mai 2024, une nouvelle loi est venue étoffer le cadre juridique permettant de lutter plus efficacement contre les dérives sectaires dans le champ de la santé. De nouveaux partenariats stratégiques ont également été noués, notamment avec l’EHESP ou la DGCCRF, pour croiser les expertises en matière de santé publique, de protection des patients et de régulation économique.
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2023 et 2024, 80 dossiers ont été transmis à la justice, contre 33 l’année précédente. Une hausse de 140 %, qui montre à quel point la vigilance s’impose.
Redonner du sens et de la sécurité aux parcours de soin
Loin de stigmatiser la recherche de solutions complémentaires, la Miviludes rappelle qu’il est essentiel de garder un cadre médical rigoureux. La vraie solution réside dans un accompagnement humain, attentif, et scientifiquement fondé. Il est plus que jamais nécessaire de développer l’éducation à la santé, de renforcer l’accès aux soins dans les territoires fragiles, et d’outiller les citoyens pour qu’ils puissent déjouer les pièges tendus par des discours enjôleurs.
Consultez ici le rapport d'activité de la MIVILUDES 2022-2024.
Photo OpenAI