Sauvons les sols : le mouvement citoyen qui alerte sur la dégradation des sols Lecture : 8 min
  1. Accueil
  2. News
  3. Environnement
  4. Sauvons les sols : le mouvement citoyen qui alerte sur la dégradation des sols

Sauvons les sols : le mouvement citoyen qui alerte sur la dégradation des sols

Initié par Sadhguru, un maître yogi indien très influent dans son pays, le mouvement citoyen Sauvons les sols (#savesoil) œuvre en faveur de la protection de l’environnement, et plus précisément de la préservation des sols. Au mois de mars, Sadhguru a entamé un périple de plus de 30 000 km à moto, qui lui fera traverser 25 pays : l’occasion de sensibiliser le grand public et la classe politique à l’urgence écologique de la dégradation des sols.

La biodiversité des sols, indispensable à la vie

Selon les scientifiques, au moins 25 % des espèces présentes sur la planète se trouvent dans les sols. On y trouve des micro-organismes tels que les champignons, les microalgues et les bactéries, ainsi que toute une faune qui peut être classée en 3 grandes catégories :

  • La microfaune : composée des plus petites espèces comme les nématodes et les protozoaires, elle joue un rôle essentiel dans la décomposition des matières organiques.
  • La mésofaune : elle est constituée d’espèces mesurant entre 0,2 et 4 mm, parmi lesquelles on trouve les acariens et les collemboles.
  • La macrofaune : elle est composée d’espèces qui mesurent entre 4 et 80 mm, comme les vers de terre, les araignées, les coléoptères et autres insectes et larves.

Ces différentes espèces peuvent aussi être classées par fonction. On distingue ainsi 3 groupes :

  • Les ingénieurs chimistes, qui décomposent la matière organique. Il s’agit essentiellement des bactéries et des champignons.
  • Les régulateurs biologiques, qui se nourrissent des ingénieurs chimistes et permettent donc de réguler leur nombre et leur activité. On peut citer parmi eux les nématodes, les protistes et les microarthropodes, de petits invertébrés.
  • Les ingénieurs de l’écosystème, qui mènent des activités de construction, creusent des galeries et des passages, créant ainsi des espaces vivables pour les autres organismes. C’est notamment le rôle que jouent les fourmis, les lombrics et les termites.

Cette biodiversité est indispensable à la fertilité des sols, et donc à la vie sur Terre. Sans cette biodiversité, pas de plantes et donc pas de nourriture pour les animaux et les humains : de la richesse des sols dépend en réalité l’ensemble de la chaîne alimentaire.

Sauvons les sols, vers une prise de conscience des différents rôles des sols

Le mouvement citoyen Sauvons les sols entend amener le grand public, mais aussi les dirigeants politiques, à prendre conscience de l’importance cruciale des sols et des différents rôles essentiels qu’ils jouent sur le plan environnemental.

 

Si les sols constituent la principale source d’alimentation de la planète, ils assurent également d’autres fonctions vitales. Ainsi, ils servent à stocker le carbone, permettant de freiner le changement climatique. Selon un des rapports du GIEC, les sols pourraient contenir jusqu’à 3 400 gigatonnes de carbone organique.

Entre 1880 et 2012, plus de la moitié des émissions de CO2 causées par les activités humaines ont été absorbées par les sols et les océans.

Les scientifiques estiment qu’en parallèle d’une réduction considérable des émissions de gaz à effet de serre, l’augmentation du stockage de carbone dans les sols aiderait à freiner, voire à stopper la hausse de la concentration de CO2 dans l’atmosphère et donc à contenir le réchauffement climatique. Pour y parvenir, il serait nécessaire de modifier les pratiques agricoles et les différents usages des sols.

Les sols jouent également un rôle crucial dans le stockage et la purification de l’eau. Une partie de l’eau de pluie s’infiltre en profondeur dans les sols, qui la purifient en la débarrassant des polluants, des virus et des bactéries, tout en l’enrichissant en minéraux.

Cette action de filtration est en grande partie effectuée par les micro-organismes qui peuplent les sols. Plus la biodiversité est grande, plus l’eau est purifiée de façon efficace.

La présence d’espèces appartenant à la catégorie des « ingénieurs de l’écosystème » (fourmis, lombrics, termites) est également très importante : grâce aux galeries et canaux qu’ils créent, ils permettent à l’eau de mieux s’infiltrer dans les sols. Tout comme la végétation présente en surface, ils aident donc à limiter le phénomène de ruissellement.

Enfin, les sols, et plus précisément les microbes qui les peuplent, ont la capacité de détruire certains polluants. C’est ce qu’on appelle la dépollution. Ce phénomène naturel a notamment été utilisé lors de la marée noire provoquée en 1989 par le pétrolier Exxon Valdez en Alaska. Pour nettoyer le littoral, un mélange d’engrais et d’éléments nutritifs a été utilisé pour stimuler la prolifération bactérienne. Le taux de dégradation du pétrole a ainsi été multiplié par 5.

Quelles menaces pèsent sur les sols ?

À l’heure actuelle, selon le mouvement #savesoil initié par Sadhguru, 52 % des sols de la planète sont d’ores et déjà dégradés. En 2018, le premier rapport mondial de l’IPBES, la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, qui regroupe de nombreux scientifiques spécialistes de la biodiversité, était particulièrement alarmant.

Selon l’IPBES, l’équivalent du GIEC pour le climat, les sols de la planète sont dans un état critique, à tel point que leur dégradation « pousse la planète vers une sixième extinction de masse » qui, 4 ans après ce rapport, a bel et bien commencé selon de nombreux scientifiques.

Parmi les différentes menaces qui pèsent sur les sols, on peut tout d’abord mentionner l’érosion, qui entraîne chaque année dans le monde la perte de 75 milliards de tonnes de terre sous l’effet du vent et de l’eau.

La déforestation est en grande partie responsable de l’érosion des sols, et d’autres phénomènes contribuent à l’intensifier, comme les pratiques agricoles ou encore l’appauvrissement du niveau de matière organique.

La salinisation des sols, qui correspond à l’accumulation de sels hydrosolubles, cause également d’importants dommages. Elle touche les sols irrigués, notamment dans les régions semi-arides et arides, où 25 % des sols sont concernés. La salinisation diminue la fertilité des sols et augmente le risque de désertification.

Les sols sont aussi dégradés par le tassement, principalement provoqué par l’utilisation d’engins agricoles : très lourds, ces derniers compactent les sols humides et détruisent les galeries, tunnels et nids créés par les fourmis, les lombrics et les termites, avec pour conséquence un appauvrissement des éléments nutritifs.

Le recours massif aux pesticides et autres produits phytosanitaires chimiques a également des conséquences dramatiques, détruisant peu à peu les organismes vivants présents dans les sols, ces derniers étant par ailleurs affectés par le dérèglement climatique.

Davantage de sécheresses, d’incendies et de pluies violentes, des températures plus chaudes nuisant à la matière organique, une prolifération des espèces nuisibles provoquée par un déséquilibre de l’écosystème : les menaces pesant sur les sols sont très nombreuses.

Le mouvement Sauvons les sols tire la sonnette d’alarme

Le mouvement citoyen Sauvons les sols alerte sur les lourdes conséquences de la dégradation des sols. 9,3 milliards de personnes risquent de subir une crise alimentaire sans précédent d’ici 20 ans, avec la réduction de 40 % de la production alimentaire. Par ailleurs, la valeur nutritionnelle des fruits et légumes ne cesse de diminuer en raison de l’appauvrissement des sols en matière organique.

 

L’accélération de l’érosion accentue la pénurie d’eau, les précipitations n’étant pas absorbées par les sols et ne permettant donc pas de faire remonter les niveaux des nappes phréatiques.

Ces terres infertiles pousseront des millions de personnes à fuir, à la recherche de conditions de vie supportables. Plus d’1 milliard de personnes pourraient ainsi être contraintes à s’exiler, dans d’autres régions ou pays, d’ici 2050.

Par ailleurs, la dégradation des sols pourrait entraîner la libération de 850 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère et intensifier le réchauffement climatique.

 

Pour éviter un tel scénario catastrophe, Sadhguru entend donner de la visibilité au mouvement Sauvons les sols en parcourant 30 000 km à moto à travers 25 pays. Chaque étape sera l’occasion de rencontrer des experts et des dirigeants politiques, du Royaume-Uni à l’Inde, pour réclamer des mesures permettant de rétablir un taux minimal de 3 à 6 % de matière organique dans les sols.

Sources :

https://www.consciousplanet.org/fr
https://ec.europa.eu/environment/archives/soil/pdf/soil_biodiversity_brochure_fr.pdf
https://www.lepoint.fr/sport/sadhguru-a-la-decouverte-d-un-des-plus-grands-maitres-yogis-19-10-2015-1974874_26.php
https://reseauactionclimat.org/stockage-carbone-sol-rechauffement-climatique/
https://www.lefigaro.fr/sciences/2018/03/26/01008-20180326ARTFIG00317-la-degradation-des-sols-pousse-la-planete-vers-une-6e-extinction-massive-du-vivant.php
https://www.consoglobe.com/salinisation-des-sols-cg


Alternativi vous recommande :