Les microplastiques issus du lavage des vêtements sont une source de pollution invisible, mais importante. En effet, lorsqu’on lave nos habits synthétiques en machine, des microfibres de plastique s’en détachent et passent à travers des filtres qui ne sont pas conçus pour les retenir. Ces microplastiques finissent ensuite leur course au fond des océans où ils sont ingérés par les poissons et les crustacés. Pour limiter la pollution, le gouvernement demande aux industriels d’installer des filtres spécifiques sur les machines à laver à l’horizon 2025.
Des microplastiques retrouvés à 11 km de profondeur
Cette pollution de microplastiques est présente jusqu’au fond des océans. Des chercheurs ont retrouvé des microfibres en plastique dans les entrailles de crustacés vivant à 11 km de profondeur !
Selon l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), ces particules de moins de 5 mm représenteraient entre 15 % et 30 % des 9,5 millions de tonnes de plastiques qui finissent leur course dans les océans chaque année.
Il y a aujourd’hui peu de recherches déterminant l’impact des microplastiques sur l’environnement et la santé de l’homme. Mais ce qui est sûr, c’est que cette pollution constitue une réelle menace pour la vie aquatique, notamment pour les poissons et crustacés qui les ingèrent en les confondant avec de la nourriture.
Ces fibres en plastique sont en partie issues du lavage de nos vêtements.
La France, premier pays à demander l’installation de filtres spécifiques sur les machines à laver
Lutter contre la pollution des microplastiques, « c’est un défi, c’est très difficile (...) ça ne se fera pas du jour au lendemain » et « ça demande un grand travail de la part des fabricants » de machines à laver, a déclaré Brune Poirson, la secrétaire d’État à la Transition écologique. Cela requiert « des changements technologiques », a-t-elle ajouté.
Grâce à la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire récemment promulguée, la France devient le premier pays au monde à imposer des filtres permettant de retenir les microfibres synthétiques sur les machines à laver. Les fabricants ont jusqu’au 1er janvier 2025 pour trouver des solutions, date à laquelle toutes les nouvelles machines devront en être équipées.
« Est-ce que c’est faisable ? La réponse est oui, parce que nous n’avons pas le choix », a martelé Mme Poirson.
Une première réunion, au cours de laquelle fabricants de machines, associations écolos et associations de consommateur ont échangé, a eu lieu cette semaine.
Les fabricants s’engagent à « trouver des solutions efficaces » et à « tout mettre en œuvre » pour « réduire la pollution plastique ». Ils demandent toutefois aux pouvoirs publics de leur garantir une « concurrence saine », en essayant de faire imposer ces normes au niveau européen par exemple.
Bonne nouvelle : la solution existe déjà !
La start-up Planet Care commercialise depuis peu un filtre qui s’ajoute aux machines à laver et qui permet de retenir les microfibres des vêtements.
« Nous avons une solution, qui est prête. Nous l’avons lancée en septembre dernier et nous en avons vendu 500 environ », a déclaré la directrice de l’entreprise Mojca Zupan.
Actuellement, leur filtre se branche à la sortie de la machine, mais il pourrait prochainement être intégré à l’intérieur de l’appareil lors de la conception.
Et nous, que pouvons-nous faire pour moins polluer ?
Selon les associations de protection de l’environnement, la fausse bonne idée serait de remplacer nos vêtements en synthétique par des vêtements en fibre naturelle. En effet, la production de coton nécessite généralement beaucoup d’eau, et parfois beaucoup de pesticides.
Pour le lavage, il serait préférable de ne pas laver à plus de 30 °C et de préférer les lessives liquides à celles en poudre en raison de leur effet abrasif. Le sèche-linge est également à proscrire.
Enfin, un point sur lequel les associations sont toutes d’accord, c’est que la meilleure façon de lutter contre la pollution est de limiter au strict minimum nos achats de vêtements.