Une petite histoire du chewing-gum
Les premières gommes à mâcher
Les humains ont toujours aimé mâcher des gommes pour se détendre ou se soigner. Durant la Préhistoire, la sève de conifère, riche en polyphénols, était déjà utilisée comme gomme à mâcher, probablement pour ses propriétés antiseptiques.
Les Mayas fabriquaient des gommes à partir de la sève de sapotillier, un arbre originaire d’Amérique centrale. Cette sève était appelée « chicle », et ce mot désigne aujourd’hui un chewing-gum en espagnol. Les Mayas mâchaient cette gomme pour purifier leur haleine, et probablement aussi pour muscler leur mâchoire.
Dans la Grèce et l’Égypte antique, c’est la résine du pistachier lentisque, aussi appelé arbre à mastic, qui était utilisée, tandis que les Indiens d’Amérique mâchaient de la sève de sapin. Certaines herbes, céréales et cires végétales servaient également de gommes à mâcher.
La commercialisation du chewing-gum
Il faut attendre la fin du 19ème siècle pour que les premiers chewing-gums soient commercialisés. En 1869, Antonio López de Santa Anna, ancien général et président du Mexique en exil aux États-Unis, a l’idée de vendre une grande quantité de sève de sapotillier à Thomas Adams, un industriel que l’on considère aujourd’hui comme le fondateur de l’industrie du chewing-gum.
Au départ, l’objectif de Thomas Adams n’est pas de fabriquer du chewing-gum à partir de cette sève, mais de l’utiliser comme substitut du caoutchouc. Mais les tentatives sont infructueuses et Adams revend le chicle aux pharmacies, comme substitut de la paraffine. Au fil du temps, le produit connaît des améliorations et se rapproche de plus en plus du chewing-gum que l’on connaît aujourd’hui. Il commence alors à être commercialisé à grande échelle.
En Europe, il est introduit par les soldats américains pendant la Première Guerre Mondiale. Plusieurs sociétés européennes commencent à importer des chewing-gums américains, et la popularité du produit devient vraiment considérable à la fin de la Seconde Guerre Mondiale avec l’arrivée des G.I. C’est d’ailleurs un ancien G.I. qui reviendra en France dans les années 1950 pour lancer la célèbre marque Hollywood.
Aujourd’hui, 374 milliards de chewing-gums sont consommés chaque année dans le monde, soit plus de 11 000 chaque seconde. Cela représente 3,1 milliards de kilos par an et 99 kilos chaque seconde.
Comment sont fabriqués les chewing-gums industriels ?
La composition des chewing-gums industriels est loin d’être appétissante. 5 catégories d’ingrédients sont utilisées dans leur fabrication :
- La gomme
- Les arômes
- Les colorants
- Les conservateurs
- Le sucre ou les édulcorants
Le plus problématique de ces ingrédients, tant pour l’organisme que pour l’environnement, est sans conteste la gomme. Le temps des sèves et des résines naturelles est bien loin, et les gommes à mâcher industrielles sont aujourd’hui fabriquées de la même manière que les pneus.
La gomme est obtenue à partir d’un mélange d’élastomères dérivés du pétrole, d’émulsifiants, de charges minérales, d’antioxydants de synthèse (dont certains sont des perturbateurs endocriniens) ainsi que de cires et de résines naturelles ou synthétiques.
À cela sont ajoutés d’autres ingrédients comme les colorants, la gélatine animale ou végétale, des gélifiants naturels ou synthétiques, des parfums de synthèse, du sucre ou des édulcorants comme l’aspartame, des exhausteurs de goût, des conservateurs, et parfois même du dioxyde de titane sous forme de nanoparticules. Cette dernière substance est très controversée : elle est utilisée pour son pouvoir blanchissant et on la retrouve également dans de nombreux dentifrices. Identifiable sous l’appellation E171, cet additif est soupçonné de perturber le système immunitaire.
La pollution liée aux chewing-gums industriels
Les chewing-gums posent un réel problème de propreté dans les villes. Trop souvent jetés par terre au lieu d’être mis à la poubelle, les chewing-gums sont ensuite piétinés et s’incrustent dans les revêtements des rues, des trottoirs et des places publiques, dans les couloirs de métro ou sur les quais de gare.
Dans le meilleur des cas, ces gommes à mâcher mettent environ 5 ans à se décomposer. Attention : même si elles se décomposent, elles ne sont pas pour autant biodégradables, car elles contiennent de nombreux produits chimiques qui ne sont pas altérés par les bactéries et autres micro-organismes.
À travers le monde, de nombreuses villes dépensent donc un budget considérable pour débarrasser l’espace public de ces chewing-gums. La ville de Londres dépense ainsi chaque année 6 millions d’euros ! Il faut dire que ces quelques grammes de gomme résistent à tout : aux huiles, aux alcools, à l’eau, aux solvants, à la soude et même aux acides, y compris l’acide chlorhydrique.
Les mairies ont recours à des méthodes coûteuses comme la cryogénisation à l’aide d’extincteurs, ou encore le karcher qui implique une consommation d’eau considérable. Cette eau souillée de fragments de chewing-gums part dans les égouts, puis rejoint les stations d’épuration qui ne peuvent pas toujours filtrer les plus petits résidus. Au final, une partie des eaux souillées et des fragments de chewing-gums rejoignent donc les rivières.
Mais alors, pourquoi mâche-t-on des chewing-gums ?
Si les chewing-gums industriels ne sont pas ce qui se fait de mieux pour la santé, le fait de mastiquer de la gomme procure quelques bénéfices. Tout d’abord, la gomme à mâcher a des vertus apaisantes, non en raison de sa composition, mais par l’action même de mastication. Elle aide notamment les fumeurs en cours de sevrage tabagique. Elle permet aussi de favoriser la sensation de satiété, ce qui peut s’avérer utile en cas de fringale due à l’arrêt de la cigarette par exemple.
La mastication d’un chewing-gum est également bénéfique pour l’hygiène bucco-dentaire, à condition toutefois que sa composition soit correcte : le sucre et l’aspartame ne seront jamais des alliés de vos dents. Ceci étant dit, mâcher un chewing-gum permet d’augmenter la production de salive, ce qui a pour effet :
- De neutraliser les acides de la plaque dentaire et de diminuer le risque de caries.
- D’augmenter la concentration en calcium et en phosphates et donc de contribuer à la reminéralisation de l’émail.
Notez toutefois que mastiquer un chewing-gum ne remplace pas un brossage minutieux.
Deux recettes de chewing-gum naturel
Un chewing-gum à base de poudre de gluten
Pour réaliser cette recette, il vous faudra :
- 1 cuillère à soupe de gluten de blé bio, disponible en magasin bio
- 50 ml de sirop dilué dans de l’eau, ou du jus de fruits frais
- Une demi-cuillère à soupe de glycérine végétale bio
- Facultatif : des colorants naturels végétaux, comme la poudre de tomate, la spiruline, le jus de betterave, la poudre d’hibiscus ou le thé matcha par exemple
- Un bol
- Une paire de gants
- Un verre doseur
Voici les étapes à suivre :
- Tout d’abord, nettoyez bien votre plan de travail. Nous vous recommandons l’utilisation de gants, pour des questions d’hygiène, mais aussi parce que la pâte est collante et peut être difficile à manipuler à mains nues.
- Dans un bol, versez la cuillère à soupe de poudre de gluten, ajoutez le sirop dilué dans l’eau (pour le dosage, tout est affaire de goût, mais procédez comme si vous prépariez une grenadine) ou le jus de fruits. Mélangez.
- Ajoutez ensuite la glycérine végétale et le colorant végétal (en très petite quantité), et commencez à malaxer la pâte, qui doit peu à peu devenir élastique.
- Si vous la trouvez trop liquide, vous pouvez la rouler dans un récipient au fond duquel vous aurez placé une réserve de poudre de gluten : vous pouvez ainsi procéder progressivement et observer au fur et à mesure le résultat obtenu. Dans tous les cas, malaxez bien pour éviter les grumeaux.
- Lorsque la pâte est bien élastique, formez des petites boulettes et laissez-les reposer à l’air libre pendant 2 heures minimum. À l’issue de ces deux heures, elles auront acquis leur texture définitive.
Vous n’aurez alors plus qu’à goûter ce chewing-gum naturel et non polluant. Petit rappel toutefois : si la recette est très amusante à suivre avec des enfants, ne la réalisez toutefois pas avec des petits de moins de 3 ans. Le risque d’étouffement est trop élevé, et on leur épargnera ainsi la frustration d’avoir confectionné un chewing-gum sans pouvoir le goûter !
Un chewing-gum à base de cire d’abeille
Pour les personnes intolérantes au gluten, il est possible de réaliser un chewing-gum naturel à partir de ces ingrédients :
- Une demi-tasse de cire d’abeille jaune ou blanche, bio, en pastilles
- 3 cuillères à soupe de miel bio
- De l’arôme naturel de menthe poivrée
- 1 tasse de sucre glace
Procédez ainsi :
- Faites fondre la cire d’abeille dans un récipient au bain-marie.
- Ajoutez le miel et mélangez.
- Versez cinq gouttes d’arôme naturel de menthe poivrée. Mélangez à nouveau.
- Ajoutez le sucre, remuez, sortez du feu et versez dans de petits moules que vous placerez au réfrigérateur pendant une heure ou deux.
Lorsque la pâte a pris une bonne consistance sans trop durcir, il ne vous reste plus qu’à mâcher vos chewing-gums 100 % naturels !