L’alerte des ONG sur l’effondrement des poissons d’eau douce Lecture : 4 min
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L’alerte des ONG sur l’effondrement des poissons d’eau douce

En 2020, les poissons d’eau douce, oubliés du monde, ont vu leur population s’effondrer drastiquement. Minimisée par rapport à la déforestation ou le plastique dans les océans, l’extinction massive des poissons d’eau douce met pourtant en danger un écosystème dont nous sommes tous interdépendants. En vue de la tenue de la COP15, WWF et 15 ONG lancent un cri d’alerte sur cet effondrement dans un rapport mentionnant les nombreuses espèces totalement disparues et celles en grand danger d’extinction.

 

WWF International et 15 ONG tirent le signal d’alarme sur l’extinction des poissons d’eau douce

Sur notre planète, « l’eau douce constitue 1 % de l’habitat aquatique, mais 51 % des espèces de poissons connues se trouvent dans cette eau douce… Il y a plus de poissons vivant en eau douce que dans toutes nos mers et océans. »

Le 23 février 2021, WWF International et 15 autres organisations non gouvernementales ont rendu public un rapport co-écrit et intitulé « Les poissons oubliés du Monde ».

Ce dossier met l’accent sur l’enjeu majeur qui se joue dans les milieux aquatiques d’eau douce. La disparition d’un trop grand nombre d’espèces met en péril non seulement l’emploi de millions de personnes à travers le monde, mais surtout l’alimentation de centaines de millions d’autres. Fleuves, rivières, lacs et marais sont des lieux importants de pêche ou d’aquaculture qui nourrissent des populations reculées et vulnérables.

Les habitats d’eau douce sont d’une diversité étonnante, tout comme les variétés de poissons qui y vivent.

« Ce rapport est à la fois une célébration des poissons d’eau douce et un appel à l’action. »

Effondrement des poissons d’eau douce : de quoi est-il question ?

En 50 ans, la population de poissons d’eau douce a chuté de 76 %. Ce dernier demi-siècle aura eu raison de trois quarts des poissons migrateurs et de près de 94 % des plus grosses espèces, comme certains poissons-chats de plus de 30 kilos. Leur présence dans les fleuves est quasiment inexistante. Un signe très inquiétant pour la biodiversité des rivières, mais qui fait pourtant bien peu parler de lui.

« 2020 a été une année sombre pour les poissons d’eau douce. »

L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a déclaré que :

  • 80 espèces de poissons d’eau douce sont totalement éteintes, parmi lesquelles l’emblématique poisson-spatule chinois
  • 10 autres espèces sont en voie d’extinction et n’existent déjà plus à l’état sauvage
  • Et 115 variétés de poissons d’eau douce sont considérées « en danger critique d’extinction, possiblement éteintes ».

Sur 18 000 espèces dénombrées, environ un tiers sont en grand danger

La répartition de ces pertes de population de poissons d’eau douce est internationale : 19 espèces aux États-Unis, 15 aux Philippines, 12 au Mexique et le reste réparti entre les différents continents.

Les causes de cet effondrement brutal sont pourtant bien identifiées : pollutions, changements climatiques, modifications des écosystèmes, introduction et prolifération d’espèces invasives. Les barrages dérèglent les flux naturels, l’extraction de sable dégrade l’habitat aquatique, la surexploitation de l’eau douce et les rejets des usines sont nocifs et certaines pratiques de pêches font des ravages. De plus en plus de photos de poissons morts en masse circulent sur la toile.

Certaines causes environnementales comme la déforestation de l’Amazonie, la pollution plastique des océans ou encore la disparition dangereuse des abeilles occupent le devant de la scène et nourrissent de belles actions en faveur de l’écologie. Mais selon Jon Hutton, directeur de la conservation au WWF « le monde ignore que les poissons d’eau douce sont en danger et nous avec ».

Des objectifs précis pour les évènements à venir sur la biodiversité

Le rapport co-écrit par les 16 ONG a pour intention d’éveiller les consciences et de sonner l’alarme pour pousser les États à prendre les mesures nécessaires avant qu’il ne soit trop tard. Deux évènements majeurs pour la protection de la biodiversité se tiendront en 2021.

La COP15, qui n’est autre que la 15ème session de la conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB), se tiendra en Chine en mai et dressera le bilan des réalisations du programme 2011-2020, pour en tirer des résultats et fixer de nouveaux axes de protection à tenir aux horizons 2030.

Le Congrès mondial de la Nature de l’UICN aura lieu à Marseille en 2021 également. Cet évènement réunit plusieurs milliers de leaders et décisionnaires de tous horizons mêlant les milieux politiques, scientifiques et les entreprises autour d’un but commun : la préservation de l’environnement.

Les engagements à prendre sont clairement définis :

  • Restaurer les écoulements naturels des rivières
  • Rétablir la qualité des eaux douces
  • En finir avec la surpêche
  • Arrêter la prolifération d’espèces invasives
  • Stopper l’extraction du sable