L'industrie de la mode, célèbre pour ses créations et sa rapidité à changer les tendances, prend conscience des déchets textiles qu'elle génère. Il est fréquent que 5 à 30% des tissus commandés restent inutilisés à l'issue des collections. Connus sous le nom de stocks dormants, ces matériaux représentent un poids environnemental et économique considérable. Toutefois, une évolution est en cours: ces réserves de tissus inutilisés sont désormais orientées vers la vente et le réemploi.
Cette dynamique s'est vue récemment illustrée lors d'un grand salon professionnel des textiles à Villepinte, près de Paris. Des créateurs comme Arturo Obegero, qui confectionne des tenues pour des célébrités telles que Beyoncé, Adèle ou Harry Styles, se tournent vers ces matières premières pour la conception de pièces uniques et durables. "J'apprécie l'idée de créer des vêtements de luxe à partir de tissus qui auraient autrement été gaspillés," explique-t-il.
"Les stars comme Beyoncé sont enchantées de porter des créations confectionnées avec des tissus qui ont une seconde vie."
- Arturo Obegero, créateur de mode
Caroline Varrel, qui s'apprête à lancer sa marque de maroquinerie écologique Naro, trouve aussi ces stocks dormants attrayants: "Il s'agit d'une ressource précieuse dans une industrie réputée pour son impact environnemental. De plus, cela rend les matériaux de luxe plus abordables avec parfois une réduction allant jusqu'à 70% du prix initial."
Stratégies de confidentialité autour des matériaux de luxe
Les maisons de mode de luxe sont particulièrement protectrices en ce qui concerne leurs matières et designs exclusifs. Des initiatives telles que celle de Chanel, qui a préféré développer sa propre plateforme de revente, sont le reflet de cette tendance. LVMH a également mis en place Nonasource, dirigée par Romain Brabo, qui permet de commercialiser les stocks inutilisés de plusieurs de ses marques célèbres. "Notre objectif a été de démontrer la valeur de ces ressources somptueuses. Après un travail acharné, nous leur offrons une transparence sur l'avenir de ces matériaux, ce qui instaure un climat de confiance," commente Brabo.
Virginie Ducatillon de la société Adapta représente une autre force dans ce domaine, en achetant et en revendant des cuirs excédentaires. "La destruction de ces matériaux est malheureusement une pratique courante, mais nous mettons l'accent sur leur sauvetage et leur réutilisation sans révéler l'identité des marques d'origine pour prévenir la contrefaçon," souligne-elle.