Une espèce de tique potentiellement mortelle pour l’Homme prolifère dans le sud de la France, notamment en Ardèche, dans le Gard, l’Hérault, les Pyrénées-Orientales et le Var. Deux fois plus grosse qu’une tique « classique » et surtout plus agressive, l’Hyalomma marginatum, plus connue sous le nom de « tique aux pattes rayées », peut être porteuse du virus de la FHCC (Fièvre hémorragique de Crimée-Congo).
Les caractéristiques des tiques « géantes »
L’Hyalomma marginatum est une tique de grande taille qui dispose d’une plaque dorsale dure et d’un rostre long. Facilement reconnaissable grâce à ses rayures blanchâtres sur les pattes, elle mesure environ 5 mm de long lorsqu’elle est à jeun. Et lorsqu’elle est gorgée de sang, elle peut atteindre 2 cm et peser entre 1 et 1,5 gr.
Mais, il ne faut surtout pas se fier à sa petite taille, car cette tique peut être très dangereuse. Même si elle ne représente aucun danger pour les animaux, elle constitue une véritable menace pour l’Homme. Celle-ci peut en effet lui transmettre le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo qui est potentiellement mortel. Selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), son taux de létalité oscille entre 10 et 40 %. Contrairement à ses cousines plus répandues dans l’Hexagone, la tique « géante » est particulièrement agressive et peut suivre sa « proie » sur une distance de 100 mètres, voire pendant 10 minutes.
De nombreux pays infestés
Depuis 2017, le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) de Montpellier enquête sur la présence de cette tique dans les régions méditerranéennes.
Frédéric Stachurski, vétérinaire acarologue du centre, a expliqué dans les colonnes de Midi Libre son mode opératoire :
« Lorsque cette tique est présente sur une zone, elle se fixe en priorité sur les chevaux. C’est l’espèce sentinelle. Puis lorsqu’elle est en grand nombre, elle s’attaque à d’autres bêtes d’élevages (ruminants) ou sauvages (sangliers…) et à l’Homme ».
Adepte des zones chaudes et arides, la tique aux pattes rayées est endémique en Espagne, au Portugal, en Italie, au Maghreb, dans le Caucase et autour de la mer Noire. En Turquie, plusieurs dizaines de morts sont recensés chaque année. Elle a également été repérée aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Autriche.
L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) estime que ce parasite a été introduit sur le territoire national soit par des oiseaux migrateurs en provenance du Maghreb soit par le biais des échanges commerciaux avec l’Espagne et l’Italie, notamment dans le cadre du transport d’animaux domestiques.
À ce jour, aucun cas n’a été recensé en France. Mais le CIRAD s’inquiète de la prolifération de cette tique et du nombre de zones infestées dans le sud du pays. Selon Frédéric Stachurski, plusieurs élevages de chevaux porteurs de ce parasite ont été recensés « à la limite des Pyrénées-Orientales et des Corbières, à la limite Hérault et Gard dans le secteur du Pic Saint-Loup, au sud de l’Ardèche, au nord du Gard, entre la vallée du Rhône et les contreforts cévenols et enfin autour du massif des Maures dans le Var ».
Pour se protéger de l’Hyalomma marginatum, le CEPCM (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies) recommande d’acheter des répulsifs adaptés et de porter des vêtements longs lors des balades en pleine nature.