À Grindavik, un port pittoresque en Islande, les habitants ont évité de justesse une catastrophe volcanique grâce à une série de barrières élaborées dans l'urgence. Alors que le volcan faisait sentir sa présence menaçante à proximité, les travailleurs se sont mobilisés dès le 2 janvier pour ériger une défense impressionnante : une ligne de barrières de plusieurs mètres de hauteur, s'étendant sur deux kilomètres.
Ari Gudmundsson, ingénieur chez Verkis, la société en charge de l'opération, témoigne de l'intensité de l'effort : "Les équipes ont travaillé sans relâche, de jour comme de nuit, pour construire ces digues assez rapidement." La région ne connaissant pas d'activité volcanique depuis 800 ans, cet événement a surpris de nombreux experts, dont le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff, qui a noté : "Il s'agit maintenant de la cinquième éruption dans ce secteur en seulement trois années." En dépit de cela, les spécialistes avaient anticipé une telle éventualité, forgeant des plans de secours bien avant que la première lave ne jaillisse le 18 décembre dernier.
L'installation de ces structures est cruciale à proximité des zones résidentielles, où chaque mètre de protection compte pour préserver des bâtiments. Jacques-Marie Bardintzeff souligne l'enjeu majeur : "Les températures peuvent grimper entre 1 000 et 1 100 degrés, et peu de choses peuvent résister à cela."
Pour réaliser des barrières aussi robustes, l'Islande s'est inspirée de tentatives précédentes de déviation de coulées de lave à Hawaï et autour du célèbre Etna en Italie, comme l'explique Patrick Allard, volcanologue à l'Institut de physique du globe de Paris. L'Islande a acquis une solide expérience dans la construction de telles défenses, comme l'a démontré la protection efficace de la portion nord-ouest de Grindavik.
La législation islandaise a également joué un rôle clé. Le Parlement a approuvé une taxe foncière temporaire pour financer la construction des barrières, permettant à Verkis de débuter immédiatement la construction d'une première défense de cinq kilomètres autours de la centrale géothermique de Svartsengi. Avec le dernier modèle de risque en main, une autre frontière de protection fut rapidement érigée autour de Grindavik.
Un combat contre la montre
Le projet avança à un rythme soutenu. Des matériaux locaux ainsi que des gravats de carrières avoisinantes furent acheminés pour former la barrière. Alors que la coulée de lave approchait, une dernière fissure dans la défense a été comblée dans la précipitation, utilisant des bulldozers et d'autres engins lourds pour bloquer la trajectoire de la lave.
"Certaines conduites d'eau chaude et des câbles électriques ont été touchés, mais l'essentiel est intact. Ces barrières ont indéniablement permis de protéger de nombreuses propriétés." Ari Gudmundsson, ingénieur chez Verkis.
Bien que trois maisons aient été englouties par la lave, l'effet destructeur a été largement limité par ces mesures de précaution. La situation actuelle est surveillée avec attention, car l'éruption n'est pas encore terminée. Les résidents et les ingénieurs restent vigilants, prêts à intervenir si la menace devait s'intensifier.