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425 bombes climatiques pourraient faire exploser le budget carbone mondial

Des chercheurs de l’Université de Leeds au Royaume-Uni s’inquiètent de 425 projets qu’ils considèrent comme des « bombes climatiques ». Ces projets d’extraction de charbon, de gaz ou de pétrole pourraient faire exploser le budget carbone mondial et rendrait impossible le maintien du réchauffement climatique en dessous de l’objectif de 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris.

425 projets colossaux qui pourraient tout changer

Dans une étude publiée le 12 mai dernier dans la revue Energy Policy, des chercheurs de l’Université de Leeds au Royaume-Uni ont identifié 425 « bombes climatiques ». Ces projets titanesques pourraient émettre 646 milliards de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Réparties dans 48 pays différents, ces « bombes carbones » pourraient complètement changer l’avenir de la planète. Chacun de ces projets d’extraction de charbon, gaz ou pétrole est, ou sera à l’avenir, à l’origine de plus d’un milliard de tonnes de CO2, de quoi faire exploser le budget carbone mondial.

En 2020, parmi ces bombes climatiques, 60 % d’entre elles produisaient déjà du gaz ou du pétrole, ce qui signifie que 40 % de ces bombes ne sont pas encore exploitées et aggraveront les problèmes liés au changement climatique. Ces géants de l’énergie fossile envisagent d’investir près de 100 millions de dollars chaque jour d’ici 2030. Un danger considérable quand on sait que les experts du GIEC préconisent, dans leur dernier rapport, de diminuer radicalement notre dépendance à ces mêmes énergies fossiles.

À cause de ces projets colossaux, le budget carbone mondial, fixé par l’Accord de paris, serait tout bonnement explosé. Les chercheurs indiquent que ces projets le feraient même doubler, enterrant tout espoir de maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 1,5 °C.

Le 11 mai dernier, le Guardian a publié une enquête sur un sujet très similaire. Le journal s’est intéressé aux plans d’expansion des grandes sociétés pétrolières et gazières comme TotalEnergies, Shell ou encore Gazprom par exemple.

« Les plans d’expansion à court terme de l’industrie fossile impliquent le lancement de projets pétroliers et gaziers qui produiront des gaz à effet de serre équivalents à une décennie d’émissions de CO2 de la Chine, le plus grand pollueur du monde », peut-on lire dans le quotidien.

« Le désamorçage des bombes climatiques devrait être une priorité »

Au Canada, en Chine, en Australie ou en Iran, partout dans le monde se trouvent des projets qui pourraient anéantir l’espoir d’un avenir vivable sur Terre. Bien que ces bombes soient aux quatre coins du globe, certains pays en concentrent bien plus que d’autres : la Chine (141), la Russie (41) les États-Unis (28), l’Iran (24), l’Arabie saoudite (23,5), l’Australie (23), l’Inde (18), le Qatar (13), le Canada (12) et l’Irak (11). La Chine est celle qui en regroupe le plus, un quart de l’ensemble des bombes climatiques est sur son territoire.

Pour les chercheurs, la solution est vite trouvée : « le désamorçage des bombes climatiques devrait être une priorité de la lutte contre le changement climatique ».

Un avis partagé par Franck Lecocq, coauteur du dernier rapport du GIEC, qui rappelait que pour atteindre ces objectifs il fallait « fermer de façon prématurée ces centrales ». Les énergies fossiles sont aujourd’hui responsables de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Elles représentent un enjeu crucial pour le réchauffement climatique.

TotalEnergies au centre d’un scandale environnemental

Un projet de TotalEnergie est aujourd’hui dans la tourmente. De nombreuses voix s’élèvent contre le projet Tilenga/EACOP en Ouganda. Ce projet colossal pourrait émettre 34 milliards de tonnes de CO2, soit 10 % des émissions annuelles de la France.

Ce projet pose également des problèmes sociaux considérables, car près de 100 000 personnes seraient forcées de quitter leur domicile. Il est aussi très critiqué pour les dangers qu’encourt la population locale. En cas de fuite de l’oléoduc, le lac Victoria pourrait être contaminé alors qu’il alimente en eau plus de 40 millions de personnes.