Rapport GIEC : des changements profonds à venir Lecture : 8 min
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Rapport GIEC : des changements profonds à venir

Le rapport du GIEC a été publié et les experts tirent à nouveau la sonnette d’alarme. Des changements profonds et radicaux devront être mis en place dès maintenant partout dans le monde. Voici ce que prévoient les experts, secteur par secteur pour rester en dessous des +2°.

Le GIEC a d’abord noté que la croissance des émissions de carbone a réduit et a même baissé en 2020. En effet, les confinements et le ralentissement économique liés à la pandémie de Covid-19 ont même entrainé une baisse de 5,8 % sur les émissions mondiales. Le GIEC a également tenu à noter qu’au moins 24 pays dans le monde ont réussi à réduire les émissions de gaz à effet de serre depuis une décennie. De nombreux pays européens figurent sur cette liste.

Bien que ces changements positifs soient un début pour lutter contre le réchauffement climatique, nous arrivons vers la fin du temps imparti pour tenter de réduire les dégâts qui seront faits sur la planète. L’écologie scientifique, qui sera peut-être bientôt enseignée à l’école, nous rappelle que nous faisons partie de cet écosystème et que sans lui, nous ne pouvons survivre. Il ne s’agit pas de sauver la planète, mais de sauver ce qui permet à l’humanité de vivre.

 

Des changements profonds par secteur d’activité

Pour tenter de rester en dessous des +1,5° ou +2° de réchauffement climatique, il faut mener des actions et des changements profonds et drastiques de nos modes de vie.

« Si nous opérons les bons choix en matière de politique, d’infrastructures et de technologies, nous pourrons changer nos modes de vie et nos comportements, avec à la clé une diminution de 40 à 70 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 », nous informe Priyadarshi Shukla, coprésident du Groupe de travail III du GIEC.

Les énergies

Les énergies sont responsables de plus de 34 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cela signifie concrètement que certaines productions doivent être réduites radicalement d’ici 2050 par rapport à 2019 :

  • Charbon : - 95 %
  • Pétrole : - 60 %
  • Gaz :  - 45 %

Ces changements vont demander une transition majeure vers des énergies peu carbonées comme les énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique) ou le nucléaire. Cette dernière énergie est favorisée par rapport à d’autres, car malgré les déchets toxiques et le risque sur la santé en cas d’accident, il s’agit d’une énergie dont l’empreinte carbone est faible. Le GIEC a d’ailleurs tenu à rappeler que ces énergies faibles en carbone « ont montré de nombreux progrès depuis le précédent rapport, en termes de coût, de performance et de déploiement ».

Atteindre ces objectifs « suppose donc de fermer de façon prématurée ces centrales, c’est un message extrêmement fort », selon Franck Lecocq, coauteur du rapport. Cela signifie aussi qu’il faudra arrêter l’exploitation des réserves de charbon et de pétrole connues ou non.

 

L’industrie

L’industrie est responsable de près de 24 % des émissions de gaz à effet de serre, faisant de ce secteur le deuxième plus émetteur dans le monde. Le GIEC recommande également un changement profond du mode de fonctionnement de l’industrie dans le monde pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le GIEC estime qu’il serait possible de parvenir à cet objectif, malgré le défi qu’il représente. La plupart des procédés industriels pourraient être décarbonatés par la technologie dès à présent en ayant recours à l’électricité par exemple. Le GIEC a par ailleurs insisté sur l’économie circulaire dans l’optique de recycler et réutiliser plutôt que de créer à nouveau.

L’agriculture

Donner à manger à toute la planète est un défi depuis déjà plusieurs années, mais il le sera davantage dans les années à venir à cause du réchauffement climatique. De nombreuses régions dans le monde subissent déjà des sécheresses. En effet, près 4 milliards de personnes vivent au moins une pénurie d’eau par an et la fréquence de ces catastrophes va augmenter si nous n’arrivons pas à ralentir les émissions de CO2.

Le GIEC recommande un régime plus végétal avec peu de viande. Cette notion a d’ailleurs été l’objet de débats houleux, car le Brésil et l’Argentine, grand producteur de bœuf, ont insisté pour mettre en avant un repas « équilibré » et non « végétal ». Il est important de comprendre que malgré les intérêts divergents de certains pays, la survie de l’humanité est un enjeu que nous devons, tous, partager.

De manière générale, le rapport insiste sur la préservation des écosystèmes comme les forêts, les prairies, les savanes ou bien les tourbières qui sont des lieux capables de neutraliser le carbone. Ces lieux sont indispensables pour compenser les émissions positives partout ailleurs et doivent donc être protégés.

 

Transport

Les transports représentent 15 % des émissions mondiales de carbone. Grâce à la pandémie de Covid-19, on a remarqué que le télétravail, qui s’est démocratisé, a permis aux gens un meilleur confort de vie où l’on n’a plus besoin de patienter pendant des heures dans les bouchons. Si ces derniers ont diminué, c’est aussi l’empreinte carbone de ces transports qui ont été également réduits. Les confinements et l’impossibilité de voyager à l’autre bout du monde ont fait chuter de près de 45 % les émissions issues du secteur de l’aviation.

Se déplacer autrement, c’est la grande ligne directrice du GIEC concernant les transports. Il recommande davantage de télétravail pour réduire les bouchons ainsi que l’amélioration des réseaux de transport en commun et la création de plus de pistes cyclables et trottoirs. Par ailleurs, les véhicules électriques seraient à privilégier. Cela ne signifie pas qu’ils n’ont aucune empreinte carbone, mais ils sont moins polluants sur l’ensemble de leur cycle de vie.

Le GIEC rappelle que la baisse de l’empreinte carbone des transports a un effet direct sur la santé et le bien-être des personnes.

Bâtiment

Le rapport du GIEC « Climate Change 2022 : Mitigation of Climate Change » rappelle qu’il n’est pas difficile de réduire de manière significative l’empreinte carbone des villes. Il faut dans un premier temps réduire la consommation énergétique des logements. Rappelons que la meilleure énergie est celle que nous ne consommons pas. Dans un second temps, c’est la création ou la préservation des espaces verts qui permettent de capter et stocker le carbone.

Qui doit le plus modifier son mode de vie ?

Bien que chacun d’entre nous doive agir dans son quotidien, tous les pays n’ont pas les mêmes efforts à faire. Entre 1950 et 2019, c’est l’Amérique du Nord et l’Europe qui ont le plus émis de CO2 avec respectivement 23 % et 16 %. Aujourd’hui, un habitant d’un pays développé consomme 6,9 tonnes de CO2 par an tandis qu’un habitant d’un pays peu développé comptabilise seulement 1,7 tonne de CO2.

« Dans le monde, les 10 % de ménages les plus riches représentent entre 36 et 45 % des émissions », rappellent les auteurs du rapport.

Ce triste constat rappelle cependant que ces ménages « ont un plus grand potentiel de réduction » et doivent impérativement diminuer leur empreinte carbone, car favoriser le vélo pour les plus pauvres aura peu de conséquences si les plus riches continuent de vivre de la même manière.