La semaine des 4 jours est testée partout en Europe. La France va-t-elle sauter le pas ? Le point sur cette nouvelle façon de travailler.
Les avantages de la semaine de 4 jours
Plusieurs études réalisées sur des salariés qui ne travaillent que 4 jours dans la semaine révèlent que ceux-ci sont plus motivés et plus impliqués dans leur travail. C'est d'ailleurs l'argument premier des entreprises favorables à cette mesure : faire travailler moins pour travailler mieux.
Avoir un jour supplémentaire de repos hebdomadaire permet pour certains de bénéficier d'un week-end prolongé, ou pour d'autres de couper la semaine de travail en deux. Se pose alors la question du nombre total d'heures travaillées et du salaire.
C'est là que les modalités de mise en œuvre diffèrent selon les entreprises :
- Soit elles réduisent le nombre d'heures de travail sur la semaine sans modifier le salaire,
- Soit elles augmentent la durée quotidienne de travail en gardant la même durée de travail hebdomadaire et bien sûr le même salaire.
Il est évident que la première solution est de loin la plus intéressante pour le salarié. Celui-ci est payé à hauteur de 35 heures alors qu'il ne travaille en réalité que 28, 30 ou 32 heures. À l'inverse, lorsque l'entreprise accorde un jour de repos de plus, mais répartit les 35 heures sur 4 jours, cela revient à travailler 8h45 par jour. Il faut savoir que légalement, la durée maximale quotidienne de travail ne peut dépasser 10 heures.
Chez les entreprises ayant testé la semaine de 4 jours en France, toutes sont unanimes : le nouveau rythme de travail n'a pas engendré de baisse de production et 90 % des salariés l'ont approuvé. En effet, ils apprécient d'avoir plus de temps libre pour les loisirs, faire des courses, profiter de leurs enfants ou prendre des rendez-vous impossibles à obtenir le week-end. Leur bien-être au travail s'est amélioré, principalement chez ceux qui ont vu leurs horaires hebdomadaires diminuer, tout en n'ayant aucun impact sur leur rendement. Bénéfique donc autant pour le salarié que pour l'entreprise.
La flexibilité a de fortes chances de devenir à terme le nouveau mode de fonctionnement au sein des entreprises européennes, mais, en France, les mesures prises par le gouvernement en faveur du pouvoir d'achat, comme la défiscalisation des heures supplémentaires ou le dispositif de rachat des RTT risque de freiner l'enthousiasme général.
Du point de vue des chefs d'entreprise, la semaine de 4 jours a aussi quelques atouts. Ils ont constaté de la part de leurs salariés :
- Plus d'implication et de motivation,
- Une meilleure organisation et une meilleure gestion des priorités,
- Moins d'absentéisme,
- Moins d'arrêts maladie liés au stress et au surmenage,
- Plus de concentration,
- Moins de temps passé en réunion.
De plus, si personne ne travaille pendant un jour entier, les coûts de fonctionnement (électricité, eau, carburant...) se verront diminués, à condition évidemment de ne pas augmenter l'amplitude horaire du travail journalier.
Les inconvénients de la semaine de 4 jours
Bien sûr, le passage à la semaine de 4 jours implique de revoir l'organisation générale et les processus de production mis en place auparavant, ce qui n'est pas toujours réalisable selon les activités.
Même si les salariés admettent qu'avoir un jour de repos en plus contribue à un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle, la semaine de 4 jours peut ne pas convenir à tout le monde. C'est principalement le cas de ceux dont l'entreprise n'a pas réduit la durée de travail hebdomadaire. Certains n'apprécient pas les journées à rallonge ou ne peuvent pas se le permettre, souvent pour des raisons familiales ou personnelles, lorsqu'ils ont de jeunes enfants ou qu'ils habitent loin de leur lieu de travail par exemple.
La charge de travail est plus lourde et plus concentrée lorsqu'il faut réaliser les mêmes tâches en 4 jours au lieu de 5. Du coup, travailler un jour de moins perd tout son bénéfice et devient plutôt une source de stress et de pression supplémentaire entraînant une inévitable fatigue intellectuelle.
Travailler chez soi et ainsi réduire ses trajets domicile-bureau peut être une démarche écolo et contribuer à une meilleure qualité de vie, mais qu'en est-il des relations humaines ? Les discussions informelles autour de la machine à café, les échanges lors des réunions, les afterworks ? À chacun de juger...
Quel choix pour l'entreprise ?
Pour beaucoup d'entreprises, la question ne se pose pas. Il n'est tout simplement pas possible d'adopter ce mode de fonctionnement pour des raisons évidentes.
À l'heure actuelle, comme la tendance est à la flexibilité, les entreprises qui connaissent des difficultés de recrutement et qui ont besoin de nouveaux talents peuvent proposer aux candidats la semaine de 4 jours payée 5. Cela penche peut-être dans la balance. Le télétravail, qui séduit de plus en plus, arrive aussi à compenser cette absence sur le lieu de travail.
Afin d'éviter les démissions, dont le taux est élevé en ce moment, les entreprises tentent de convaincre leurs collaborateurs de rester en essayant d'améliorer au maximum leurs conditions de travail.
Quoi qu'il en soit, il convient d'avancer avec prudence sur ce terrain et de bien réfléchir aux conséquences.
