Controverse sur le financement français lié à la déforestation de l'Indonésie Lecture : 4 min
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Controverse sur le financement français lié à la déforestation de l'Indonésie

Un projet d'extraction de nickel en Indonésie soulève des préoccupations de déforestation massive, ce qui attire les critiques sur un potentiel financement français.

La France a annoncé en 2023 la mise en place d'un fonds d'investissement centré sur les métaux et minéraux stratégiques essentiels pour la transformation énergétique, notamment dans le secteur du transport électrique.

Le Ministère de l'Économie français avait alors promis un haut niveau de responsabilité sociale et environnementale pour les initiatives financées. Néanmoins, selon une récente analyse publiée par l'association Canopée, ce fonds pourrait potentiellement soutenir des projets contribuant à la déforestation et à la violation des droits humains, incluant spécifiquement l'initiative de Weda Bay en Indonésie.

Weda Bay, localisé sur l'île d'Halmahera, est une région encore dominée par une forêt primaire contenant une biodiversité exceptionnelle. Eramet, une société française qui gère environ un tiers de cette exploitation minière, affirme que cette mine est la plus importante au monde en matière de nickel, un métal clé pour la transition énergétique. Cependant, depuis 2020, environ 2 000 hectares de forêt ont été déboisés pour les activités de la mine, avec une prévision totale de 6 000 hectares, prévient Canopée.

Ce défrichement a déjà fait l'objet de critiques, notamment par Climate Rights International, qui a relevé qu'au moins 5 331 hectares de forêts tropicales ont été abattus dans le cadre du projet minier de nickel à Halmahera.

Eramet, pour sa part, défend ses activités en insistant sur la réhabilitation et la revégétalisation des territoires affectés. Selon l'entreprise, qui est partiellement possédée par l'État français, sur une concession de 45 000 hectares, seulement 15 % seraient exploités pour différentes opérations minières, y compris le logement du personnel, le stockage et le transport. L'entreprise se dit consciente de son impact sur l'environnement et prend des mesures pour l' atténuer et le compenser.

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Manque de clarté sur les critères de financement du projet

Actuellement, Eramet envisage de construire une nouvelle usine pour traiter le nickel extrait à Weda Bay, connu sous le nom de Sonic Bay. Ce projet pourrait être éligible au fonds d'investissement mentionné précédemment, selon Canopée, qui interpelle sur le sujet. Le gouvernement, quant à lui, indique que le fonds n'est pas encore opérationnel et que les critères d'éligibilité sont en cours de définition, avec un accent sur les aspects environnementaux et sociaux.

"Nous craignons que ce fonds ne dispose pas de critères suffisamment stricts pour empêcher la déforestation qui découle de l'ouverture de nouvelles mines," a déclaré l'association Canopée à travers un communiqué officiel.

Le ministère de la Transition écologique affirme que bien que le fonds soit encore en développement, chaque projet proposé sera évalué de façon individuelle, y compris ceux pouvant avoir un impact négatif sur la biodiversité et les populations autochtones. L'association Canopée, cependant, dénonce un manque de transparence et un positionnement contradictoire du gouvernement français par rapport à ses engagements en termes de protection des forêts.