Il y a 10 ans, les Français étaient motivés quant à changer leurs habitudes pour sauver la planète. Au pied du mur, l’enthousiasme se perd étant donné l’ampleur des sacrifices demandés.
L’Homme est-il devenu trop égoïste ?
Embourbé dans sa routine quotidienne et recentré sur lui-même, l’Homme moderne se sent rassuré en possédant. Son train de vie ne laisse que très peu de place à la nature, à l’autre et à la vie. Lorsque l’on parlait d’urgence écologique il y a quelques mois, voire quelques années, la plupart des gens pensaient qu’il s’agissait d’une alerte infondée. Que nous « aurions le temps » !
Force est de constater que ce temps, nous ne l’avons visiblement plus. Le compte à rebours est lancé et les climatosceptiques ne sont plus crédibles. Les enfants donnent des leçons aux adultes, les têtes pensantes sont aujourd’hui dépassées. Le retour en arrière n’est pas une option censée pour beaucoup de personnes et rogner ne serait-ce qu’un dixième du confort duquel nous jouissons semble impensable.
Une mobilisation grandissante, mais décousue
Pendant que certains se demandent comment agir, d’autres prennent des initiatives. Des projets innovants voient le jour : le bateau qui nettoie les océans, les boutiques de vrac, le recyclage en grand, l’achat de vêtements d’occasion, les entreprises qui utilisent des alternatives au plastique...
Chacun fait de son mieux de son côté. Des grandes marches s’organisent pour défendre la planète. Ban Ki-moon a dit
« Nous sommes la dernière génération qui peut changer le cours du changement climatique, et la première qui doit vivre avec ses conséquences ».
Cette vérité se vérifie chaque jour qui passe.
Les divers gouvernements tentent de mettre fébrilement en place des mesures, mais celles-ci s’appliquent souvent sur du long terme, cela paraît complexe d’entrevoir une issue victorieuse. Le changement doit être opéré immédiatement, sans préavis, comme le rappelle Aurélien Barrau. Et pendant que Greta Thunberg déverse un torrent de vérités aux dirigeants de ce monde par son désormais célèbre « Comment osez-vous ? », le reste de la planète retient son souffle, espérant qu’un miracle se produise.
Renoncer à un certain confort ? Bien sûr !
En 2009, le magazine Marie Claire avait réalisé un sondage sur toutes les petites choses auxquelles il faudrait renoncer, du moins en partie, pour donner une chance aux générations futures. Les internautes se sont montrés relativement motivés à engager certains changements dans leurs habitudes quotidiennes. Dix ans plus tard, au pied du mur, les regards sont plus fuyants et la motivation proche de zéro. Mais au final, que devrions-nous sacrifier ?
La « to do list » des choses à ne plus faire
Soyons clairs, lorsque l’on dit « à ne plus faire », il faut comprendre, « à tempérer ou à ralentir considérablement ». La société de consommation a créé une multitude de besoins dans nos vies. Il est aujourd’hui question de savoir si oui ou non, nous sommes assez forts pour dire « stop » ou si nous préférons continuer à conserver des œillères nous rendant, in fine, égoïstes.
Alors ? Seriez-vous prêt à :
1. Consommer moins de viande
L’idée de devenir végétarien, végétalien ou végan du jour au lendemain renferme directement les adeptes de ces pratiques alimentaires à être rangés dans la case des extrémistes. Imposer n’est pas la bonne méthode. Mieux vaut encore expliquer, montrer, rabâcher, plutôt que d’imposer.
Dans le cas de la viande, deux facteurs entrent en jeu : la pollution et la souffrance animale. Pour ce qui est de la pollution, il faut savoir que pour produire un kilo de bœuf, les gaz à effet de serre émis sont équivalents à un trajet de 60 km en voiture et demande entre 20 et 50 fois plus d’eau que ce qui est nécessaire pour produire un kilo de blé ou de riz.
Concernant la souffrance animale, nous avons toujours été confortés dans le fait que seuls les chats, les chiens, les hamsters, les lapins et les oiseaux étaient des animaux de compagnie, dignes d’avoir des sentiments. Les autres animaux étaient considérés comme sauvages et/ou voués à être consommés, quel que soit leur âge. Il suffit simplement d’accepter ce que nous avons dans l’assiette pour faire la part des choses.
Alors, si manger de la viande n’est pas vital, il se peut qu’elle reste incontournable pour des raisons de terroirs, de racines, etc. L’idée n’est donc pas de la supprimer totalement, mais d’en consommer moins et de meilleure qualité, pour que notre alimentation ressemble plus à ce qu’elle devrait être. À noter qu’à l’heure actuelle, nos enfants consomment trop de viande et protéines, d’après une étude menée par Greenpeace et relayée par l’Observatoire des aliments. Notre façon, de nous alimenter n’est plus vitale, elle relève d’un besoin créé par la société de consommation, engendrant ainsi une multitude de maladies. L’obésité et le diabète en tête.
2. Vous débarrasser de votre voiture ?
Vendre votre voiture pour vous déplacer grâce aux transports en commun. En seriez-vous capable ? La voiture est accusée de dégager 2,5 tonnes de CO2 par an en moyenne. Les solutions alternatives proposées (voiture hybride, électrique, etc.) ne sont que l’ombre de véhicules dits « durables ». Il y a dix ans, près de la moitié des Français se disaient prêts à laisser la voiture au garage. Aujourd’hui, le parc automobile mondial ne cesse d’augmenter, étant en passe d’atteindre les 2 milliards, selon Carfree.
Si l’engouement pour les transports en commun dérange encore certains utilisateurs, du côté du gouvernement, rien n’est fait pour inverser la tendance. Les déplacements en transports en commun ne sont plus gratuits pour les étudiants et les personnes âgées, les banlieues sont parfois très mal desservies, etc. Pourtant, des primes existent pour acheter un vélo électrique ou pour se rendre chaque jour sur son lieu de travail à vélo !
3. Ne plus prendre l’avion ?
L’avion est polluant, c’est indéniable. Les trajets nationaux par les airs devraient être uniquement réalisés en cas d’urgence. L’idée de faire payer une taxe de pollution aux compagnies relèverait d’une pure ineptie, puisqu’au final, celle-ci serait répercutée sur le prix du billet, et donc sur le consommateur. Alors que faire ? Les interdire ? Trop d’enjeux économiques… Et si la raison et le bon sens suffisaient finalement à trancher ? Prendre l’avion, oui, mais pas tous les jours et pas sur des trajets nationaux.
Prendre l’avion n’est pas que négatif. Il peut aussi motiver des expériences nouvelles, comme aller à la découverte de certaines civilisations, rendre visite à de la famille, etc. Certes, il est parfois possible d’utiliser d’autres modes de transports, plus respectueux de la planète.
Mais dans certains cas, l’avion est presque incontournable, comme pour se rendre à l’autre bout de la planète. Tout est une question d’équilibre. Si vous devez prendre l’avion une fois par an, alors tentez d’équilibrer votre impact carbone en mangeant moins de viande, en prenant moins la voiture au quotidien ou en finançant en conséquence une association qui plante des arbres par exemple.
4. Mieux consommer ?
Il s’agit là de l’effort le plus simple à faire et du point de départ lorsque l’on souhaite engager une démarche plus écologique au quotidien. Mieux consommer a des répercussions au moins sur trois facteurs : économique, écologique et sanitaire.
Consommer des tomates en hiver n’est pas normal. Consommer chaque jour des produits provenant d’Asie ou d’Afrique ne l’est pas non plus. Bien sûr, si vous mangez un ananas par mois, votre impact sera quasi nul. En revanche, si vous consommez des avocats à quasiment tous les repas, les conséquences ne sont pas les mêmes.
Consommer local et de saison n’empêchent pas de faire un écart pour une mangue de temps en temps. Mais l’idée est bel et bien de privilégier le cycle de la nature et de consommer ce qu’elle nous offre en temps réel. Il faut aussi revêtir son tablier, tenter des recettes, se remettre à cuisiner pour prendre conscience de ce que l’on mange et surtout pour mieux manger. Oubliez les plats préparés trop chers, gras, salés et sucrés. Revenir aux fondamentaux est à la portée de tous, même si l’on n’est pas un cordon bleu et que l’on n’a pas forcément le temps de cuisiner des repas élaborés.
Le bio prend de plus en plus d’ampleur, mais là encore, attention, tous les labels ne se valent pas et parfois, un légume cultivé par un maraîcher près de chez vous et sans label bio est souvent de meilleure qualité (et moins cher !), qu’un légume estampillé bio vendu dans un supermarché.
De plus, consommer des denrées alimentaires en limitant le suremballage est également bénéfique. La chasse au plastique à usage unique étant lancée, pourquoi ne pas utiliser les nombreuses alternatives existantes aujourd’hui ? Bouteilles réutilisables, films alimentaires à la cire d’abeille, essuie-tout lavables... sont des habitudes à prendre pour changer les choses au niveau de son foyer, et ainsi avoir un impact moins polluant sur la planète.
Pour ce qui est des produits non alimentaires, penser à réparer plutôt que de jeter pour racheter est aussi une option à privilégier pour faire durer les objets dans le temps et réaliser des économies.
5. À réduire votre garde-robe ?
La tendance minimaliste fait des adeptes dans le monde entier. En France, quelques élans se manifestent par-ci par-là. Pour autant, les marques ont toujours pignon sur rue, bien qu’elles aient des pratiques, pour certaines, très peu « humaines » pour concevoir leurs vêtements. Salaires dérisoires, travail des enfants, utilisation de fourrures, colorants nocifs pour la santé, déversements d’eaux usées dans les rivières, etc. Après celle du pétrole, l’industrie du textile reste la plus polluante au monde.
Saviez-vous que les produits manufacturés émettent 50 % des GES en France ? Cela concerne aussi bien les vêtements que les voyages, la fabrication d’objets décoratifs, les livres, les produits high-tech, etc. Coluche disait :
« Et dire qu’il suffirait qu’on arrête d’acheter pour que ça ne se vende plus… »
Aujourd’hui, l’on pourrait dire
« Et dire qu’il suffirait de moins acheter pour moins polluer ».
Les projets d’investissements des actionnaires se retourneraient alors peut-être plus facilement vers des initiatives « green » que vers des gisements de pétrole.
Quelques marques sont aujourd’hui « green » et affichent leur différence tout en suivant la mode. De quoi tenter les fashionistas à sauter le pas et assumer aussi leur passion pour l’écologie. Après le frigo, acheter moins, mais mieux est aussi valable pour le dressing.
6. Consommer l’eau de façon raisonnable
Prendre un bain coûte non seulement beaucoup d’argent, mais gaspille aussi beaucoup d’eau. Les douches restent la meilleure alternative pour se laver. De nombreux crédits d’impôt ou aides sont maintenant alloués aux travaux de réfection du mode de chauffage d’eau. Chauffe-eau thermodynamique, chauffe-eau solaire... permettent de réaliser de véritables économies, rentabilisant rapidement l’investissement initial.
Inculquer aux enfants d’arrêter le robinet pendant qu’on se lave les dents ou que l’on se frotte les mains est très facile. Surtout si l’on prend le temps de leur expliquer pourquoi on le fait. C’est d’ailleurs tout petit que les meilleures (ou pires) habitudes se prennent et se gardent à vie. Pensez-y !
Penser que l’abondance est illimitée est une utopie. Penser que posséder donne un sens à l’existence l’est tout autant. Consommer moins, en général, est bon pour la planète, pour le porte-monnaie et pour l’humain. Alors ? Seriez-vous prêt à engager de tels changements dans votre vie pour sauver la planète ?