Mathilde Fontez, rédactrice en chef de la revue scientifique Epsiloon, a révèlé à francetvinfo.fr, que l'amélioration de la qualité de l'air autour du globe amplifie les effets du réchauffement climatique. Elle confie que grâce à l'ensemble des mesures antipollution mises en œuvre depuis trois décennies, la pollution de l'air a significativement diminué. Cependant, ce phénomène a le revers inattendu.
Différentes études ont mesuré l'ampleur de cet impact, et les résultats suggèrent qu'il est significatif : la réduction de la pollution serait responsable pour une part conséquente de l’intensification de la vitesse du réchauffement actuel.
Une recherche récente diffusée le 3 avril 2024 par des scientifiques de l'institut Cicero en Norvège, se basant sur les données collectées par satellite, estime que la réduction de la pollution pourrait expliquer jusqu'à 40% de l'énergie supplémentaire ayant réchauffé notre planète entre 2001 et 2019.
Comment expliquer que moins de pollution conduit à un réchauffement ?
Les particules polluantes en suspension dans l’atmosphère jouent un rôle de réflecteur de la lumière solaire vers l'espace, et contribuent donc à un refroidissement de la Terre. En présence de moins de particules, nous sommes confrontés à l'effet inverse, soit un réchauffement. Ces mêmes particules influent également sur la formation des nuages en augmentant le nombre de gouttelettes, ce qui résulte en des nuages plus vastes et persistants. Ces nuages, à leur tour, réfléchissent la lumière du soleil.
En somme, une planète polluée est plus brillante et réfléchissante. Plus propre, la Terre est plus sombre et absorbe davantage la chaleur solaire. Ce principe est connu depuis de nombreuses années, mais ce que les études récentes montrent, c’est l'ampleur notable de cet effet, ainsi que sa complexité.
Les scientifiques observent que ces processus influencent non seulement la température globale mais aussi la circulation atmosphérique, les courants de vent et même les moussons.
Devons-nous freiner nos efforts de dépollution ?
La réponse est non. Les chercheurs insistent pour dire qu'il ne s'agit pas de choisir entre la pollution de l'air et le réchauffement climatique. La pollution atmosphérique est responsable de plus de quatre millions de morts prématurées chaque année.
Cependant, il est crucial de comprendre les conséquences de cette réduction de la pollution. Les experts recommandent d'accompagner les réglementations antipollution par des actions vigoureuses visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre. De plus, l'observation satellitaire continuera de jouer un rôle essentiel, et ces nouveaux enjeux devraient s'intégrer dans les débats internationaux, les aérosols n'ayant jusqu'à présent que peu été mentionnés dans les engagements des pays pour l'Accord de Paris.
La baisse de pollution aggrave le réchauffement climatiquehttps://t.co/aLEVUH4lpq
— franceinfo (@franceinfo) April 13, 2024
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