La complexe mise en œuvre du Protocole de Kyoto sur le climat Lecture : 3 min
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La complexe mise en œuvre du Protocole de Kyoto sur le climat

Le Protocole de Kyoto relève d'un encadrement environnemental majeur. Il a connu un parcours semé d'embûches avant sa ratification, marquant une étape cruciale dans la lutte contre le réchauffement climatique.

La Conférence des Parties, dès sa première rencontre à Berlin en 1995, a posé les jalons d'un accord contraignant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des nations développées. Dans ce cadre, une échéance de deux ans a été fixée pour arriver à une entente. Amy Dahan, éminente historienne et chercheuse au CNRS, rappelle que 'les pourparlers se limitaient aux nations déjà industrialisées telles que l'Europe, les États-Unis et le Canada, ainsi que l'Australie, y incluant les pays de feu l'Union soviétique, ces derniers traversant une déindustrialisation prononcée. Des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2020, basés sur les chiffres de 1990, ont été établis, avec l'idée sous-jacente que chacun cherchait à limiter ses responsabilités.'

Lors de la COP2, la question des mécanismes dits flexibles vient sur le tapis. Ils représentent la pierre angulaire du Protocole de Kyoto. Ces outils, axés sur le marché et permettant l'achat et la vente de droits d'émission, ont divisé les négociateurs. Jean-Charles Hourcade, économiste et acteur du GIEC, évoque le défi de l'équité : 'La difficulté réside dans l'établissement d'une répartition équitable sans entité pour statuer sur une distribution juste'.

'Tandis qu'un consortium industriel peut s'accorder sur une réduction des émissions pour une certaine échéance, l'application à l'échelle des nations soulève d'inextricables questions de justice. Par conséquent, de nombreux experts ont considéré que cette approche ne serait pas viable.'

Jean-Charles Hourcade, économiste

Mais la COP2 choisit malgré tout d'intégrer ce principe. À Kyoto en 1997, alors que l'on aurait pu imaginer une conclusion rapide des négociations, l'opposition se fait plus forte. Paul Watkinson, autrefois chef de la délégation française, souligne la complexité politique aux États-Unis où, peu avant la conférence de Kyoto, le Sénat avait unanimement rejeté tout protocole exemptant les puissances émergentes comme la Chine de cet engagement. La résolution Byrd-Hagel avait de fait signifié l'impossibilité pour l'administration américaine de poursuivre la ratification.

Le retrait de l'Amérique et les rebondissements diplomatiques

Le Protocole de Kyoto est néanmoins signé le 11 décembre 1997, conditionné par la ratification de minima de 55 nations, dont les contributions cumulées dépassent 55 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Face au revirement des États-Unis commandé par George Bush en 2001, l'adoption du Protocole semblait vouée à l'échec. La tenue de la COP 6bis stateure partielle, suivie par les décisions de la COP7 à Marrakech, ont marqué cependant un tournant, où malgré le retrait américain, de sonores avancées ont été négociées.

Ainsi, d'autres pays impliqués dont le Japon et le Canada finirent par le ratifier. Non sans résistances internes, mais laissant poursuivre le Protocole qui entra en vigueur le 16 février 2005 avec la ratification par la Russie. Hélas, les sept années d'incertitudes ont terni la réputation de cet accord qui n'en demeure pas moins une étape déterminante dans la coopération internationale contre le changement climatique.


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