Déforestation importée : les ONG pointent les engagements non tenus de la France Lecture : 4 min
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Déforestation importée : les ONG pointent les engagements non tenus de la France

Dans le cadre du « Plan climat » instauré en 2017, le gouvernement avait mis en place une stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI). Plusieurs actions étaient prévues dans le but de mettre fin, à l’horizon 2030, à l’importation de produits contribuant à la déforestation, avec un point d’étape en 2020. Plusieurs ONG, dont Greenpeace, dénoncent « l’échec de la mise en œuvre » de la SNDI.

Déforestation importée : de quoi s’agit-il ?

Le document rédigé dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée en donne la définition suivante : il s’agit de « l’importation de matières premières ou de produits transformés dont la production a contribué, directement ou indirectement, à la déforestation, à la dégradation des forêts ou à la conversion d’écosystèmes naturels en dehors du territoire national. »

Les produits concernés sont principalement le bois et ses produits dérivés, mais aussi l’huile de palme, le soja, le bœuf, l’hévéa et le cacao. La SNDI vise également, dans un second temps, les matières premières comme le coton, la canne à sucre, le café, les produits miniers, ou encore le maïs et le colza.

Les 2 objectifs principaux étaient de :

  • « Réduire de moitié la déforestation tropicale brute par rapport aux niveaux actuels d’ici 2020 »
  • « Stopper la diminution de couverture forestière de la planète en 2030 ».

À l’occasion du point d’étape prévu en 2020, plusieurs ONG font le bilan et constatent que le compte n’y est pas.

 

Greenpeace tire le signal d’alarme dès 2019

Un an après l’adoption de la SNDI, Greenpeace avait, dès fin 2019, tiré une première fois le signal d’alarme. Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts de Greenpeace France, regrettait alors que le gouvernement n’ait pris « aucune mesure concrète visant à éliminer la déforestation importée ».

L’ONG pointait notamment la mise en service, en juillet 2019, de la bioraffinerie de la Mède, située près de Marseille, dans laquelle Total produit du carburant à partir d’huile de palme importée. Cette importation, prévue à hauteur de 550 000 tonnes par an, correspondant à 64 % de la consommation française selon Greenpeace, ne respectait pas les engagements de la SNDI, le fournisseur indonésien de Total n’ayant pas pris de mesure pour lutter contre la déforestation.

Greenpeace souhaitait par ailleurs que la France prenne des mesures pour diminuer la production et la consommation de viande et de produits laitiers, ces élevages nécessitant l’importation de grandes quantités de soja, une culture en partie responsable de la déforestation mondiale. L’ONG demandait également une traçabilité des chaînes d’approvisionnement, pour que les engagements de la France en matière de lutte contre la déforestation importée puissent être tenus.

Des objectifs en matière de lutte contre la déforestation importée non tenus en 2020

Dans une récente tribune publiée par Greenpeace, plusieurs ONG dressent, deux ans après l’adoption de la SNDI, un bilan amer. Parmi les signataires de cette tribune, on retrouve bien entendu Greenpeace France, mais aussi Les Amis de la Terre France, Notre Affaire à Tous, Mighty Earth, WWF France, Sherpa, Canopée, Envol Vert et France Nature Environnement.

Selon ces organisations de défense de l’environnement, alors que la stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée avait mis la France en « position pionnière dans la lutte contre la déforestation importée » en 2018, le bilan est tout autre deux ans après. Les ONG signataires de la tribune constatent « l’échec de sa mise en œuvre », lié selon elles à « l’absence de moyens suffisants et d’un plan d’action précis. »

Elles rappellent que la France continue d’importer « plus de 3 millions de tonnes de soja chaque année, notamment en provenance du Brésil et sans aucune garantie d’absence de conversion des écosystèmes ». Les ONG déplorent par ailleurs l’absence de contraintes pesant sur les entreprises, l’absence de « mécanisme solide de traçabilité et de gestion des risques », et appellent le gouvernement à « se mobiliser pour obtenir une législation ambitieuse et contraignante qui s’appuie sur un renforcement de la transparence et des obligations de vigilance des entreprises ».