Au chili, les centrales à charbon ferment les unes après les autres, avec l'objectif de passer à 100 % d'énergies renouvelables.
La fermeture progressive des centrales à charbon au Chili : des conséquences environnementales et sociales
Comme d’autres à travers le pays, la petite ville de Tocopilla a été construite autour de l’activité des centrales fonctionnant au charbon et au gaz. Au début du XXème siècle, ces installations se sont implantées pour répondre aux besoins énergétiques des mines de cuivre. Dans cette « ville de l’énergie », le paysage naturel côtoie les hautes cheminées aux rayures rouges et blanches, les parcs à charbon et les pylônes électriques.
Mais depuis quelques années la transition se fait sentir, à Tocopilla comme dans d’autres villes du Chili, où les épaisses fumées blanches se tarissent. Les unités des centrales à charbon ferment les unes après les autres.
Les associations de communautés locales sont partagées entre la satisfaction d’une meilleure qualité de l’air et les conséquences sur l’emploi. L’opérateur français Engie veille au reclassement de ses salariés et propose des départs en retraite anticipée. Mais il n’en est pas de même pour tous, notamment pour les nombreux sous-traitants de l’industrie du charbon.
C’est ce que confirme le ministre de l'Énergie chilien, Diego Pardow : « Un des défis que nous rencontrons, c'est la substitution des emplois indirects. Nous devons générer de nouvelles activités industrielles ».
Une progression rapide des énergies renouvelables qui se heurte à la réalité du réseau électrique chilien
La production d’électricité liée aux énergies solaires et éoliennes était de l’ordre de 12 % en 2018. En 2023, cumulé avec la production hydroélectrique, le Chili a passé la barre des 60 % d’énergies renouvelables. Il en résulte une saturation des réseaux électriques.
Pascal Renaud, responsable pour l’Amérique latine chez Engie, l’explique ainsi : « Aujourd'hui, le réseau n'accepte que 40 MW sur les 180 MW que pourrait produire notre centrale ». Tous opérateurs confondus, cela représente en moyenne 10 % d’énergie verte perdue sur une année faute de distribution.
D’autre part, il n'y a que peu de connexions avec les pays voisins pour revendre cette électricité verte.
En attendant la construction d’autres lignes électriques reliant le nord au sud du pays, de nombreux acteurs des énergies renouvelables s’équipent de batteries afin de stocker les excédents. D’autres se tournent vers la production d’hydrogène vert.
Malgré ces obstacles, le Chili ne souhaite pas réduire le rythme de sa transition énergétique avec un objectif de décarbonation totale à l’horizon 2030. À suivre…