La lutte contre la pollution plastique est compliquée dans une société de consommation où il est omniprésent. Mais l’exemple du Vanuatu montre qu’à partir d’une initiative citoyenne il est possible de faire évoluer les mentalités et de limiter considérablement l’utilisation du plastique. Comment ce pays a-t-il relevé le défi pour devenir leader de la lutte contre la pollution plastique ?
Le mouvement anti-plastique de l’archipel a commencé avec une simple page Facebook
Le Vanuatu est un archipel de l’océan pacifique qui a vu, comme beaucoup d’autres endroits, les déchets plastiques envahir peu à peu ses plages, ses rivières jusqu’à totalement dévisager le paysage et créer des problèmes sanitaires. L’archipel ne pouvant pas recycler le plastique, celui-ci finissait toujours enfoui, brulé ou dispersé dans la nature et dans l’océan. Il était donc nécessaire de trouver un moyen de limiter au maximum la présence de plastique sur les îles.
En 2017, une page Facebook a été créée pour dénoncer l’utilisation des sacs plastiques à usage unique et sensibiliser la population au problème de la pollution. En très peu de temps, cette page a rassemblé des milliers de personnes. Après la mise en ligne d’une pétition pour interdire les sacs plastiques, largement signée et adressée au gouvernement, les premières mesures ont rapidement été annoncées.
Le Vanuatu interdit les pailles, les sacs plastiques et les emballages en polystyrène dès 2018
Il n’aura pas fallu longtemps pour que le gouvernement du Vanuatu agisse et décide d’interdire les pailles en plastique, les sacs et les emballages en polystyrène. Depuis 2018, leur fabrication, leur utilisation et leur importation sont totalement interdites dans l’archipel. Les habitants, qui n’ont pas toujours accueilli avec enthousiasme cette mesure radicale, se sont finalement très vite adaptés. Sur les marchés, les sacs en plastique ont été remplacés par des sacs réutilisables et des formes variées de contenants tressés avec des feuilles, que les habitants utilisaient jusqu’à il y a une vingtaine d’années.
En 2019, le gouvernement continue sa lutte anti-plastique et décrète l’interdiction des filets jetables qui étaient parfois utilisés à la place des sacs, ainsi que des touillettes, couverts, assiettes et gobelets jetables.
« Forcément, c’est un coût supplémentaire et une réorganisation, une remise en question sur les achats. Mais après, du point de vue personnel et avec du recul, c’est une bonne chose. Parce que depuis deux ans, on trouve que la ville est plus propre. Parce qu’il y a aussi un travail de la municipalité et il y a moins de plastique qui vole de partout », a raconté Cédric Pheu, un restaurateur de Port-Vila à Brut.
Des concessions sur les bouteilles plastiques et les couches jetables
Toutefois, certaines habitudes ont la vie dure. Le gouvernement a été obligé de repousser d’un an l’interdiction des couches en plastique jetables, la mesure ayant déclenché un énorme tollé. En attendant, des associations et des fabricantes de couches réutilisables continuent de sensibiliser les jeunes parents aux bénéfices de l’utilisation des couches lavables.
Autre concession, on peut toujours trouver de l’eau en bouteille plastique sur l’archipel, produite sur place. Difficile pour le moment de l’interdire, de nombreux emplois dépendant de cette production. Toutefois, des négociations sont en cours pour mettre en place un système de consigne pour tous les contenants de boisson : bouteilles, canettes et briques.
« On a vraiment vu qu’un mouvement lancé par des citoyens pouvait changer la donne », a déclaré Georges Cumbo, conseiller consulaire au Vanuatu. On se dit qu’à une autre échelle finalement, une petite nation comme le Vanuatu peut servir de modèle à de plus grandes nations ».