Rappelez-vous il y a une quinzaine d’années seulement, le pare-chocs de la voiture recouvert d’insectes écrasés sur la route des vacances d’été. Un constat que l’on peut difficilement faire aujourd’hui. L’explication ? L’extinction rapide des populations d’insectes. C’est en tout cas ce qu’ont mis en évidence plusieurs scientifiques. Pourtant, une analyse comparée des études américaines effectuées sur le sujet nuance ce constat.
5 300 points de données comparés infirment la disparition massive des insectes
L’extinction des insectes n’est peut-être pas l’hypothèse la plus visionnaire qui soit. Les études dont les conclusions annoncent un tel déclin sont pour la plupart européennes. Mais peut-on extrapoler ces conclusions à l’échelle mondiale ? Apparemment non, selon une récente méta-analyse qui compare 5 300 points de données récoltés sur le territoire américain durant des laps de temps différents (4 à 36 ans).
Publiés dans Nature Ecology & Evolution, les résultats de cette analyse révèlent une situation plutôt stable qu’en déclin. L’un des co-auteurs de l’étude, Michael Crossley, explique ainsi qu’« il y a autant de choses en hausse qu’en baisse ». L’évolution dépend de la zone ou du taxon d’insectes étudié. Ainsi, le déclin de certaines populations d’insectes tend à être compensé, au niveau global, par la croissance d’autres populations.
La « nécessité d’une surveillance continue » des espèces d’insectes
Si ces résultats sont encourageants, le chercheur rappelle qu’il convient de rester prudent et de ne pas relâcher la surveillance sur les changements qui s’opèrent au sein du monde des insectes. Une stabilisation du nombre d’insectes présents sur Terre ne signifie pas pour autant un équilibre harmonieux des différentes espèces.
Sachant que l’extinction d’une seule espèce peut perturber tout un écosystème, l’attention doit être mise sur la composition des populations d’insectes. Les auteurs de l’étude notent d’ailleurs que parmi les espèces en voie d'extinction sur le territoire américain, certaines sont essentielles au processus de pollinisation ou de décomposition des déchets.
Les insectes sont des maillons cruciaux de la chaîne alimentaire, les préserver revient à protéger l’ensemble de la biodiversité. Aussi, il convient de limiter les pratiques humaines qui peuvent déstabiliser les milieux naturels : épandage de pesticides, urbanisation à outrance, etc.
Les résultats de cette étude rendent néanmoins Michael Crossley plutôt optimiste. Il se réjouit ainsi de l’accroissement des politiques environnementales (par exemple en agriculture, un usage des insecticides restreint à ceux qui sont les moins nocifs pour le milieu naturel), dont certaines semblent porter leurs fruits.