Les échanges commerciaux favorisent déjà l’introduction d’insectes et de bactéries sur le territoire. Et depuis quelques années, le phénomène semble s’accentuer en raison des végétaux importés par les touristes français lors de leurs voyages à l’étranger. Cette pratique à l’air anodine, et pourtant elle est propice aux épidémies végétales.
Les autorités lancent l'alerte
Peut-être avez-vous déjà remarqué des insectes dans votre jardin que vous n’aviez jamais vu auparavant ? Ceux-ci pourraient être les descendants de spécimens ramenés de l’étranger…
Les autorités sanitaires ont récemment lancé l’alerte. Ramener des végétaux étrangers dans l’hexagone met à mal les cultures françaises. Sans le savoir, les touristes français introduisent des nuisibles pour lesquels la France n’a pas les capacités de lutter.
Des « auto-stoppeurs » dévastateurs
Dans le cercle scientifique, les virus et insectes introduits sur le territoire par les touristes français sont appelés des « auto-stoppeurs ». Bien souvent invisibles à l’œil nu, ces nuisibles sont souvent dévastateurs. À tel point que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a décidé d’interpeller les voyageurs en les sommant de ne plus ramener de plantes dans leurs bagages. Les agrumes sont directement visés, charriant avec eux des maladies détruisant les cultures méditerranéennes.
Virus, bactéries, insectes, etc., les auto-stoppeurs revêtent plusieurs formes. Ils se cachent sous une feuille, un pétale ou sur la tige. Bien qu’invisibles, ils sont très invasifs. Plusieurs espèces ont déjà fait leurs preuves.
Quelles sont les conséquences de l’introduction de ces nuisibles en France ?
Depuis un an, l’ANSES a répertorié trois nouvelles menaces pour les végétaux. Le Tomato Brown Rugose Fruit Virus (ToBRFV), aussi connu sous le nom de virus de la tomate, se transmet par les semences, les plants et les fruits déjà infectés. Il a été observé en Bretagne.
Il y a également la mouche orientale des fruits qui s’attaquent aux fruits exotiques. Sur le sol français dépourvu de fruits exotiques, ce sont les agrumes qui sont en première ligne. Les larves se nourrissent de la pulpe des fruits.
Puis, il y a la maladie de Panama qui est due au champignon Fusarium oxysporum. Il s’attaque à plusieurs espèces de plantes.
Déjà connue, la maladie du dragon jaune est présente en Asie du Sud-est, en Amérique, en Afrique, à La Réunion et aux Antilles. Elle représente un très grand risque phytosanitaire en Europe. Les bactéries se transmettent par les insectes. Elles s’attaquent essentiellement aux cultures d’agrumes.
La punaise diabolique, quant à elle, provient des États-Unis et d’Asie. Elle a été introduite en France et contamine régulièrement les domaines arboricoles, maraîchers et les vignes. La seule façon d’en venir à bout et de ne pas perdre les récoltes reste l’utilisation d’un insecticide. Cette punaise engendre également des allergies lorsqu’elle parvient à entrer dans les logements.
Le nématode du pin touche quant à lui les pins maritimes. Cette maladie est transmise par un insecte, déposant des vers microscopiques sur les conifères. Ces derniers vont tuer l’arbre pour se nourrir.
Le Xylella fastidiosa est une maladie transmise par les insectes. Les oliviers sont particulièrement menacés.
À ce jour, aucun antibiotique ni produit phytosanitaire n’existe pour éradiquer les nuisibles et maladies végétales. L’alerte lancée par les autorités sanitaires vise ainsi à protéger les cultures et productions locales.
De plus en plus de saisies de végétaux
Les conséquences sont terribles, car les foyers sont souvent identifiés tardivement. Lorsqu’ils le sont assez tôt, ils sont éradiqués. Mais lorsque ceux-ci se sont déjà étendus, ce sont plusieurs hectares de plants arrachés ou détruits, engendrant alors une perte considérable pour le producteur. L’ANSES en appelle donc à la responsabilité individuelle des voyageurs.
Tous les ans, des milliers de plantes sont saisies par les douanes françaises et européennes. Si celles-ci ne sont pas accompagnées d’un certificat d’innocuité sanitaire, alors elles n’ont pas lieu d’être transportées.
Pour l’association Robin des Bois, des consignes strictes doivent être affichées dans les aéroports et aux postes-frontière. Elle estime par ailleurs que les ventes de plantes par internet devraient être mieux encadrées pour éviter les risques.
Quelle est la législation actuellement en vigueur ?
Sur le site internet des douanes, une liste précise les végétaux qu’il est strictement interdit de ramener sur le territoire français. Parmi eux, les légumes, feuilles et plantes aromatiques, les agrumes frais, les pommes de terre, les plantes vivantes, etc.
D’autres sont tolérés, mais limités. Par exemple, il est possible de ramener 5 kg de fruits et légumes frais (hors agrumes), 15 tiges de fleurs fraîches coupées, etc.
Ces directives ont été mises en place pour protéger les cultures françaises, mais trop peu de touristes en ont connaissance.
Si vous observez régulièrement des espèces d’insectes que vous n’aviez jamais vus auparavant dans votre jardin ou sur vos cultures, contactez les services régionaux de l’alimentation, les fédérations régionales de défense contre les organismes nuisibles ou, à défaut, les chambres d’agriculture.