Tri des déchets à La Réunion : Gestion locale ou exportation coûteuse ? Lecture : 5 min
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Tri des déchets à La Réunion : Gestion locale ou exportation coûteuse ?

À La Réunion, une nouvelle installation de traitement des déchets industriels dangereux a été inaugurée, abordant des problématiques complexes comme la gestion des batteries lithium-ion.

La gestion des déchets industriels à La Réunion entre dans une nouvelle phase avec l'ouverture d'une plateforme innovante à Bois-Rouge, près de l’usine Albioma. Après examen minutieux du Sénat, cette extension va permettre de tripler la capacité de traitement des déchets et de répondre aux défis globaux.

Cette infrastructure a pour objectif principal de traiter des déchets spécifiques, en particulier les batteries lithium-ion. Ces batteries présentes dans les véhicules électriques et appareils électroniques nécessitent des protocoles stricts pour leur recyclage. Autrefois, leur exportation était un processus complexe et coûteux, mais avec la nouvelle plateforme, la solution devient locale, ce qui permet de réduire les risques liés à l'accumulation de ces déchets sur l'île.

Un investissement de 500 000 € pour le traitement des batteries

L'importance de l’investissement dans le traitement des batteries lithium-ion est à la hauteur de l'enjeu. Pour rendre inoffensives ces batteries hautement inflammables, pas moins de 500 000 € ont été nécessaires au déroulement d'un protocole en sept étapes. Selon Hervé Madiac, directeur régional de SUEZ Recyclage et Valorisation, cette méthode a été spécialement conçue pour s'adapter à l’environnement insulaire de La Réunion.

“La méthode que nous avons développée ici est unique en son genre et a été pensée pour répondre aux contraintes spécifiques de notre île”, explique Hervé Madiac. Le processus inclut des étapes minutieuses, telles que la décharge partielle et l'immersion dans l'eau pour prévenir tout risque d'incendie. Actuellement, seules les batteries intactes sont acceptées et chaque conteneur peut accueillir jusqu’à 21 batteries.

“Nous avons inventé cette méthode pour un milieu insulaire, ici même à La Réunion,” a précisé Hervé Madiac, soulignant l'importance de cette innovation.

Ces batteries seront ensuite envoyées vers Dunkerque où un centre de recyclage spécialisé se chargera de leur traitement en fin de cycle. La capacité d’exportation reste limitée, mais elle représente un pas en avant pour l'île.

Un laboratoire d’analyse de pointe pour les déchets industriels

En parallèle, SUEZ a ouvert un laboratoire de pointe dédié à l’analyse des déchets industriels et des effluents. Ce laboratoire, le premier dans les DOM-TOM à offrir ce niveau de service, permet une évaluation rapide de la dangerosité des matériaux, ainsi que le contrôle de la qualité de l’eau. Ce gain de temps est crucial pour les entreprises locales, qui pourront désormais bénéficier de ces services sans devoir faire appel à des prestataires en métropole ou à l’étranger. Cette initiative renforce l'autonomie de La Réunion dans le domaine du traitement des déchets.

Les défis de l’exportation des déchets 

Le coût de l'exportation reste un enjeu majeur. En fonction de la nature des déchets, les frais peuvent varier de quelques centaines à plusieurs centaines de milliers d'euros par tonne. En plus de ces coûts, des frais supplémentaires liés au conditionnement et au transport sont à prévoir, ce qui rend l'exportation une solution onéreuse.

Face à ces défis, la création d'un centre d’enfouissement sur l’île est en pourparler. Ce projet permettrait de traiter localement certains résidus toxiques, notamment les REFIOM (résidus d’épuration des fumées d’incinération), un sous-produit de la combustion des déchets pour produire de l’énergie. Cette approche permettrait de réduire les coûts liés à l’exportation tout en offrant une solution durable et efficace pour le traitement des déchets.

“Le traitement local des REFIOM est essentiel pour éviter une augmentation des coûts énergétiques pour les habitants de La Réunion”, a précisé Fabrice Hoarau, élu à la Région, qui soutient cette initiative.

Une étude commune menée par la Région, le syndicat Sydne et l’entreprise ILeva est en cours pour identifier le site idéal pour l’implantation de cette future plateforme de traitement.

Source images (non contractuelles) : https://app.leonardo.ai/