Alerte néerlandaise concernant la contamination de l'eau par une entreprise chimique en France Lecture : 3 min
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Alerte néerlandaise concernant la contamination de l'eau par une entreprise chimique en France

Des responsables hollandais ont communiqué avec les autorités françaises pour exprimer leurs inquiétudes au sujet des activités de la compagnie de produits chimiques Chemours, en raison de la pollution causée par les PFAS, aussi appelés 'polluants éternels'.

Chemours, le fabricant derrière la célèbre marque Teflon, se trouve sous le feu des contrôles en raison de préoccupations environnementales grandissantes. Une correspondance officielle récemment divulguée par des médias aux Pays-Bas révèle que des cadres du conseil provincial de Hollande-Méridionale ont envoyé une communication de deux pages (document PDF) aux autorités administratives de l'Oise en France, mettant en garde contre les risques liés à l'activité de Chemours. La société est suspectée de produire et de rejeter des PFAS, surnommés les 'polluants éternels' pour leur persistance dans l'environnement et leur résistance à la dégradation.

Les autorités néerlandaises ont sonné l'alarme car Chemours, ayant déjà une présence établie à Villers-Saint-Paul, projette d'étendre ses opérations pour fabriquer des membranes destinées à la production d'hydrogène. Bien que l'expansion promette de créer environ 80 emplois, les responsables hollandais recommandent de faire preuve de vigilance, rappelant que l'entreprise a par le passé fait preuve de malhonnêteté.

Lies Van Aelst, politicienne locale vivant à proximité de l'établissement Chemours à Dordrecht, se positionne comme une des voix critiques de la firme. "L'installation de Chemours ici a entraîné une grave pollution", déclare-t-elle. "Les produits chimiques qu'ils diffusent sont des polluants éternels qui affectent durablement notre milieu. Autour de l'usine, l'étendue de la contamination est telle que l'eau est devenue non potable."

"La communauté ne peut plus consommer les œufs ni le lait produits localement à cause de la contamination venant de Chemours."

Lies Van Aelst, élue engagée

À la suite de cet esclandre, une enquête judiciaire a été ouverte au Pays-Bas et déjà, un recours collectif regroupant 2 400 personnes a été lancé. Aux États-Unis, la société, antérieurement connue sous le nom de DuPont, a fait face à des poursuites judiciaires pour des faits similaires.

Les Risques Sanitaires et Environnementaux des PFAS

Robert Bilott, avocat ayant engagé des actions en justice contre DuPont durant deux décennies, a souligné les dangers pour la santé et l'environnement. "DuPont a longtemps nié les faits, mais il est désormais établi que ces substances constituent une menace sérieuse. Elles ont été reliées à des maladies graves comme le cancer du rein et des testicules, ou encore des hausses anormales du cholestérol, représentant des milliards de dollars en frais médicaux partout dans le monde." En Europe, l'acide perfluorooctanoïque (PFOA), en cause dans les affaires judiciaires américaines, a été interdit. Cependant, Chemours commercialiserait un produit de remplacement, le GenX, qui serait également préoccupant.

En France, François Veillerette, porte-parole de l'ONG Générations futures, a engagé une action judiciaire après avoir détecté la présence de PFAS dans l'eau de la rivière Oise. "Nous n'accusons personne, mais sommes sérieusement préoccupés par les répercussions possibles d'une entreprise ayant déjà connu des dysfonctionnements par le passé", explique-t-il.

"Nous ne portons pas d'accusation directe, mais l'affaire néerlandaise soulève des inquiétudes sur des possibles dysfonctionnements répétés."

François Veillerette, Générations futures

En dépit de ces avertissements, les autorités françaises semblent supporter l'expansion de Chemours. Le ministre de l'Industrie, il y a un an, s'est même félicité de cet investissement. La région Hauts-de-France a également participé au financement de l'extension de l'usine. Toutefois, selon les élus néerlandais, la préfecture de l'Oise n'a pas fourni de réponse à la mise en garde, et n’a pas non plus répondu aux invitations à un "échange d'expériences" émanant des Pays-Bas.