Le biodiesel comme alternative au gazole issu d’énergies fossiles non renouvelables, est-ce une bonne idée ? Le maintien du biocarburant fabriqué à base d’huile de palme mérite-t-il de garder sa place sur la liste des carburants verts ? Sous son nom qui sonne « écolo-bio » se cache un véritable désastre écologique. On vous explique pourquoi l’utilisation du biodiesel est une fausse bonne idée.
Le « biodiesel » à l’huile de palme, une fausse bonne idée
Le diesel et ses rejets de NO2 et de microparticules, c’est une catastrophe écologique et un vrai danger pour la santé de la population. La France vient d’ailleurs d’être condamnée par la Cour de Justice de l’Union européenne pour ne pas avoir suffisamment protégé ses citoyens contre la pollution de l’air principalement due à l’utilisation massive de véhicules diesel.
Donc, quand on voit le terme « biodiesel », on se dit que c’est une super bonne idée ! Mais qu’est-ce que c’est du « biodiesel » ? C’est un carburant produit entièrement à base d’huile végétale ou animale. Son avantage ? Pas besoin d’investir dans une nouvelle voiture pour en utiliser et les émissions de GES sont considérablement réduites.
Mais le revers de la médaille est beaucoup moins glorieux. La production de biocarburant pose un sérieux problème : « une compétition avec les secteurs de l’agriculture et de l’élevage, [qui contribue] à la déforestation, la dégradation des sols et à la désertification » selon des ONG de protection de l’environnement dont Oxfam, Greenpeace et Climate Action Network.
Le biodiesel a un impact climatique 3 fois plus élevé que le diesel tiré d’énergies fossiles
Depuis un certain temps, on sait que la production d’huile de palme est responsable d’une déforestation massive, notamment en Indonésie et en Malaisie. En conséquence et suite au travail d’information de différentes ONG, bon nombre de Français boycottent les produits cosmétiques et alimentaires qui en contiennent, sans se douter qu’en fait, en 2018, 53 % de l’huile de palme importée en Europe étaient destinés à la production de biodiesel (contre 8 % en 2008). En France, ce sont 75 % des importations d’huile de palme qui sont consacrées à la production de biocarburant. (chiffres de l’ONG Transport&Environment).
On connait les conséquences du remplacement des forêts par des plantations de palmiers à huile : des animaux qui se retrouvent sans habitat naturel (orangs-outans, tigres, éléphants…) dont l’existence est désormais menacée et l’anéantissement progressif de notre deuxième meilleur « absorbeur » de CO2 de la planète après les océans (la forêt mondiale absorbe environ 30 % des GES). Selon Greenpeace, l’Indonésie aurait rasé plus de 24 millions d’hectares de forêts entre 1990 et 2015 — ce qui équivaut à un territoire de la taille de l’Allemagne — pour faire place à des cultures de palmiers à huile.
Enfin, dans un rapport récent de la Commission européenne que s’est procuré l’ONG Greenpeace, on apprend que « 45 % de la croissance mondiale des productions d’huile de palme s’est faite au détriment des forêts » et qu’au final, « l’impact climatique du biodiesel serait 3 fois plus important que celui du diesel produit à partir de pétrole ». Autant dire qu’encourager l’utilisation massive du biodiesel, ce n’est pas se tirer une balle dans le pied, mais en plein poumon.
Les automobilistes européens participent à la déforestation sans le savoir
On le sait peu, mais du « biodiesel » est systématiquement incorporé au gazole que l’on vous vend à la pompe de votre station-service « classique » à hauteur de 6 % environ. Ce biodiesel européen contient généralement 20 % d’huile de palme. Donc autant dire que c’est gentil de se passer de pâte à tartiner parce qu’elle contient trop d’huile de palme, mais que si l’on roule en diesel, nos efforts sont assez vains.
« Il est alarmant de voir que l’utilisation d’huile de palme dans les voitures européennes augmente en flèche, et ne fera qu’augmenter, si les députés européens ne mettent pas un terme au développement des agrocarburants. Les automobilistes sont contraints, sans le savoir, de faire le plein avec un carburant qui détruit les forêts tropicales, les communautés et le climat » a déclaré Robbie Blake, qui gère la campagne contre les agrocarburants pour Les Amis de la Terre Europe.
Plusieurs pétitions en ligne s’opposent à l’utilisation des « biocarburants » en raison de leur impact sur la déforestation comme celle des Amis de la Terre ou celle de Sauvons la Forêt.