Le bananier : une plante qui génère de nombreux déchets
Il faut savoir que le bananier n’est pas un arbre, mais une plante herbacée. Il produit de nombreux déchets parce que les tiges ne contiennent les fruits qu’une seule fois. La plupart du temps, les déchets sont surtout utilisés pour nourrir le bétail ou servir de compost. Mais, ils sont aussi très souvent laissés à terre, se décomposent ou sont brûlés.
Le bananier génère aussi de la fibre naturelle avec des propriétés semblables à celles du jute ou du lin. Une richesse qui pourrait donc être exploitée. Face à cette situation, Muturi Kimani, un jeune entrepreneur ougandais, a créé en 2013 TexFad à Kampala, la capitale du pays. Sa start-up amasse les déchets des bananiers chez les producteurs pour les transformer en textiles, extrêmement solides, et développe de cette manière l’économie circulaire.
Des déchets transformés et valorisés
Séparées en deux parties, les tiges de bananiers sont dans un premier temps séchées, puis placées dans un appareil d’extraction d’où sortent des fibres. La valorisation des déchets en fibres permet de produire une multitude d’objets pour l’univers de la maison comme des tapis, mais aussi des sets de table, des paniers et des dessous de verre. Tous ces articles sont finis manuellement. C’est un travail artisanal qui nécessite une vraie expertise. L’entreprise a aussi mis en place des formations.
Un gisement d’emplois lié à cette économie durable
Avec cette activité durable et génératrice de revenus, l’entrepreneur a pu développer des emplois. La start-up compte aujourd’hui plus de 20 salariés.
Direction maintenant la Smart Climate Innovation Academy, une pépinière d’entreprises. Dans ce lieu, les fibres sont placées dans un bidon, réduites en cendres. À cette poudre est ajoutée de la farine de manioc diluée pour former des blocs. Ces blocs sont mis dans appareil d’où sorte des briques qui servent de combustibles. Ce dispositif a permis à l’Ouganda de progresser dans son combat contre la déforestation et la pollution de l’air.
Les fibres permettent également de faire des extensions de cheveux, totalement biodégradables. TexFad a fait un chiffre d’affaires de 34 000 € pour l’année 2020. En 2021, elle veut produire et commercialiser ses produits sur le marché domestique et mondial, dont environ 2 400 tapis.
À long terme, l’entreprise ougandaise veut devenir un lieu d’excellence africain dans le domaine des textiles durables et transformer la fibre en un textile capable de concurrencer le coton. Muturi Kimani souhaiterait développer sa structure plus vite, mais le coût des machines reste élevé. Si aujourd’hui le coronavirus est gênant, le chef d’entreprise fourmille de projets et se montre confiant et ambitieux pour l’avenir.