La défense des semences libres et reproductibles
Il a fallu attendre l’été 2020 pour que la vente de semences paysannes soit autorisée par la loi, avec toutefois une restriction importante : seuls les jardiniers amateurs ont le droit d’en acheter. Alors que 90 % des variétés traditionnelles ne sont plus cultivées, les agriculteurs n’avaient jusque là pas le droit de vendre les graines issues de leurs récoltes.
La plupart des semences actuellement commercialisées sont des semences hybrides, issues d’une sélection génétique poussée. Elles sont peu reproductibles, voire stériles, et ne permettent généralement d’obtenir qu’une seule récolte.
Graines de Troc milite pour l’accès à des semences libres et reproductibles, et permet aux jardiniers amateurs d’échanger entre eux des graines issues de leurs propres récoltes. Ces semences doivent être fertiles. Elles sont récoltées lorsque les fruits sont mûrs, par temps sec.
La plateforme conseille à ses membres de les conserver ensuite à l’abri de l’humidité, dans une enveloppe en papier kraft, en les plaçant quelques jours au congélateur pour éliminer les maladies et les insectes.
Sur chaque enveloppe, il faut ensuite noter le nom de la variété, la date de récolte, et l’origine des graines. Une fois prêtes, les semences peuvent alors être échangées sur Graines de Troc. L’utilisateur doit poster une annonce de don, et reçoit en retour des propositions d’échange.
Les échanges se font grâce à un système de jetons : pour s’assurer que tout le monde joue le jeu, chaque don donne droit à un certain nombre de jetons, qui peuvent ensuite être utilisés pour récupérer des semences.
En plus de cet espace d’échange, Graines de Troc offre en libre accès de nombreuses ressources sur les semences, pour permettre au grand public de participer à la défense de la biodiversité cultivée.
L’histoire de Graines de Troc
La plateforme en ligne a été fondée en 2012 par Sébastien Wittevert, un ancien informaticien spécialisé dans la finance. Rien ne le destinait au maraîchage et pourtant, c’est pour ce secteur d’activité qu’il se prend de passion, après avoir décidé de se reconvertir suite à la crise financière de 2008.
Il se forme sur les semences, apprend l’importance de la biodiversité cultivée et découvre la permaculture. En 2011, la loi sur les certificats d’obtention végétale est adoptée : elle interdit aux agriculteurs d’utiliser librement la plupart des semences dites de ferme, c’est-à-dire les graines qu’ils sélectionnent eux-mêmes à partir de leurs récoltes, et qu’ils replantent l’année suivante.
Sébastien Wittevert décide alors de s’engager en faveur de la défense des semences libres et crée la plateforme Graines de Troc qui, 6 mois plus tard, devient une association promouvant la préservation de la biodiversité cultivée.
