La collecte et le recyclage des mégots de cigarettes s’organisent Lecture : 6 min
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La collecte et le recyclage des mégots de cigarettes s’organisent

En France, chaque seconde, plus de 1 700 personnes allument une cigarette et les 2/3 des mégots terminent, malheureusement, dans la nature. Il faut savoir qu’un mégot met plus de 15 ans pour se décomposer et répand plusieurs milliers de substances toxiques. Un vrai fléau écologique. Néanmoins, il est possible de recycler ces déchets en valorisant les filtres et la matière organique des mégots. Comment ? Après collecte, les filtres peuvent par exemple devenir des matériaux de construction ou servir de matière première à des doudounes.

Les enjeux environnementaux sont devenus centraux dans notre société. Lutter contre la pollution des sols et des eaux apparaît comme une préoccupation forte. Certaines entreprises se sont lancées dans la collecte de mégots en vue de son recyclage et l’État veut organiser la filière.

ÉcoMégot, une entreprise qui collecte les mégots

ÉcoMégot est une entreprise bordelaise qui vise à collecter les mégots pour assurer la propreté des villes et la préservation de la nature. Une démarche écologique qui a pour but également d’alerter les citoyens par rapport à la pollution liée à la cigarette. Dans l’avenir, cette entreprise veut développer sa propre filière de valorisation des mégots.

Le système de collecte s’adresse aux entreprises privées et collectivités territoriales : gestionnaires des littoraux ou des zones de montagne, villes, entreprises touristiques... Les collaborateurs d’ÉcoMégot procèdent à une sorte de diagnostic des besoins pour établir la quantité de cendriers dans les différents points de collecte, puis établissent des bornes en ville.

La maintenance des multiples cendriers est faite par ÉcoMégot. Dans le cœur de Bordeaux, la collecte est faite à vélo pour éviter les émissions de gaz à effet de serre. Ces mégots sont stockés et des expérimentations sont faites en ce moment. L’idée est de permettre un recyclage et une valorisation. De plus, l’entreprise sensibilise les citadins à la propreté.

La filière du recyclage

L’action d’ÉcoMégot permet de réduire la pollution des eaux et des sols. L’entreprise souhaite encourager l’émergence d’une filière de recyclage avec la création d’emplois à la clé. ÉcoMégot a déjà placé 150 points de collecte dans l’agglomération bordelaise et collecté plus de 1,5 million de mégots.

L’entreprise Tchaomégot, un autre acteur, s’est positionnée pour recycler ces déchets et en faire une matière première exploitable. Pour réussir à recycler ces déchets, qui sont toxiques et dangereux, Julien Paque, créateur de l’entreprise, a mis au point un dispositif qui n’utilise ni eau ni solvant.

Des doudounes et de l’isolant pour la construction

La quasi-totalité du mégot est transformé en fibre. Elle peut ensuite être employée comme isolant pour les toitures et les combles. Sachant que de plus en plus de particuliers souhaitent isoler leur logement et que l’État encourage cette démarche. Plusieurs brevets ont été déposés pour protéger cette méthode. À l’issue du processus de transformation, on arrive à disposer d’acétate de cellulose inodore, pouvant être employée comme matériau isolant.

Dans le secteur du bâtiment, cette matière première fruit d’un recyclage, dispose de particularités techniques très satisfaisantes. Tchaomégot met en avant un modèle qui tient compte de l’économie circulaire du mégot.

Aujourd’hui, la société cumule plus de 230 partenaires dans le nord de l’hexagone, pour collecter les mégots. Tchaomégot se concentre pour le moment sur un isolant pour la fabrication de doudounes, mais garde en tête le marché de la construction. La fibre de mégot permet le rembourrage des vestes. Pour conserver une démarche locale, l’atelier de fabrication est implanté dans les Hauts-De-France.

Des mégots transformés en mobilier urbain

En Bretagne, la société MéGO! Recycle aussi les filtres. Elle transforme, chaque année, 15 tonnes de mégots en mobilier urbain. Après avoir été dépollués, MéGO! transforme les filtres en plaques qui sont alors utilisés pour fabriquer du mobilier urbain. L’entreprise réalise donc des chaises, des bancs, et même des distributeurs de gel hydroalcoolique à pédale, dont le tube, le socle et la languette proviennent du recyclage. L’entreprise travaille en étroite collaboration avec les collectivités territoriales.

Ainsi, l’entreprise apporte une réponse à un défi environnemental majeur. Bastien Lucas est bien placé pour le savoir : avant de fonder MéGO!, lorsqu’il était encore étudiant en école de commerce, il avait créé une association qui s’appelait Terre océane, afin de nettoyer les plages jonchées de déchets. C’est lors de son travail de terrain que le projet a commencé à se dessiner dans son esprit.

On compte plus de 11 millions de fumeurs dans l’hexagone et une grande part des cigarettes fumées voient leurs mégots, terminer au sol ou dans la nature, avec des conséquences terribles pour l’environnement et en particulier les eaux. Depuis sa fondation, la société bretonne a déjà recyclé des millions de filtres de cigarettes. Le créateur de l’entreprise veut maintenant que les filtres à recycler ne soient pas ramassés dans la nature, mais plutôt issus d’un tri sélectif. Il souhaite qu’une vraie prise de conscience collective ait lieu au sein des fumeurs pour changer les pratiques en la matière.

Alcome, un nouvel éco-organisme de traitement des mégots

Un projet de collecte et de recyclage des mégots à grande échelle va être lancé. Le ministère de la Transition écologique va accorder un agrément à l’organisme Alcome qui va s’occuper de la mise en œuvre de cette nouvelle filière de recyclage. Les cigarettiers présents dans l’hexagone, comme Philip Morris ou Imperial Tobacco, ont échangé pour fixer les contours. Ils ont mis en place un système de financement.

Ainsi, les industriels du tabac vont devoir une contribution pour financer la collecte et le recyclage des mégots de cigarette. Une partie de ces sommes ira aux collectivités territoriales. Les négociations ont été âpres sur le sujet entre les industriels et l’État pour fixer les montants. Le cahier des charges prévoit un financement du ramassage des mégots qui se retrouvent dans la nature.

Ainsi, dans quelques mois, Alcome aura pour mission de collecter et recycler les 30 milliards de mégots générés en faisant payer 0,02 centime pour 1 000 mégots. Chaque année, 44 milliards de cigarettes sont vendues par an dans l’hexagone et les 2/3 des mégots se retrouvent par terre ce qui génère un coût important pour les mairies. Le principe du pollueur payeur est appliqué.