Les Kerterres, des maisons à base de chanvre et de chaux
La première Kerterre a vu le jour il y a plus de 20 ans, sous les mains d’Evelyne Adam, qui a imaginé cette drôle de maison dont la forme rappelle aussi bien l’igloo que les maisons des Hobbits dans « Le seigneur des anneaux ».
C’est en Bretagne que les Kerterres sont nées, d’où leur nom : en breton, « Ker », qui n’est pas traduisible littéralement puisqu’il a plusieurs sens, désigne le lieu où l’on vit, qu’il s’agisse d’une maison, d’une ferme ou d’une ville.
Les Kerterres ont une forme de dôme et ne possèdent généralement pas de charpente, ce qui explique leur petite taille. Lorsque les habitants ont besoin de plus de place, ils construisent plusieurs Kerterres accolées les unes aux autres. Elles sont entièrement construites avec des matériaux naturels locaux, à savoir la chaux et le chanvre.
Ces maisons écologiques sont également économiques. Il faut compter, main d’œuvre et matériaux compris, entre 6 000 et 10 000 euros pour construire sa propre Kerterre.
Evelyne Adam, interrogée en mars 2020 au micro de France Inter, expliquait qu’elle avait eu cette idée d’habitat alternatif en songeant aux générations futures, qui n’auraient « pas de moyens d’habiter la terre proprement ». « Je ne suis pas très fière de ma génération, qui a quand même beaucoup sali cette planète », déclarait-elle.
Plus qu’un habitat : un mode de vie
Vivre dans une Kerterre implique d’adopter un mode de vie écoresponsable, en accord avec l’environnement. Les habitants se chauffent généralement avec des poêles à bois, et l’électricité est produite par des panneaux solaires. Des toilettes sèches peuvent être installées à l’intérieur de la Kerterre, ou dans une petite construction indépendante.
Evelyne Adam a aménagé un potager autour de sa Kerterre, planté des arbres fruitiers et des plantes mellifères, particulièrement appréciées des abeilles. Des mares ont également été creusées, ce qui a permis à tout un écosystème de voir le jour.
L’objectif des Kerterres, selon Evelyne Adam, est « de faire en sorte que là où habite l’humain, ou même là où il vient en vacances, parce qu’il est là, tout va aller mieux, la faune, la flore, etc. C’est ce que j’ai prouvé ici : parce que j’habite là, tout est beaucoup plus riche au niveau de la biodiversité. Il y a beaucoup plus de plantes sauvages parce que je les favorise », explique-t-elle.
Aujourd’hui, Kerterre est également une entreprise composée de 8 personnes, qui organisent des stages pour apprendre aux participants à construire leur propre maison. L’entreprise est implantée en Bretagne, sur la commune de Plomeur, dans le département du Finistère.
Des formations complètes sont proposées, incluant la création complète d’une Kerterre, de la construction des fondations à l’installation de la porte et des fenêtres, ainsi que des stages plus ciblés, portant par exemple sur les finitions, les sculptures ou encore la mise en place d’un potager et d’un jardin favorisant la biodiversité.
Les Kerterres ont fait l’objet d’un documentaire, réalisé par Nikita Gouëzel. Il s’agissait initialement d’un court métrage intitulé « Pour moi et plus que moi », qui s’est transformé début 2020 en long métrage, sobrement appelé « Kerterre ».