Des terres vierges menacées
D’après cette étude, qui n’inclut pas l’Antarctique, ces terres vierges se situent essentiellement dans le Sahara, au sein des forêts du nord du Canada, de l’Alaska et de l’est de la Russie, ainsi qu’en Amazonie et dans les forêts tropicales du Congo.
Non seulement rares, ces territoires vierges sont menacés, 11 % seulement d’entre eux étant situés dans des zones protégées. Pourtant, selon ces chercheurs, il est encore temps d’inverser la tendance, ou du moins de limiter les dégâts.
20 % des terres pourraient ainsi retrouver « leur authenticité écologique », notamment grâce à la réintroduction d’espèces disparues dans des zones où l’activité humaine est faible. Toutefois, cette conclusion est contestée par certains chercheurs, qui estiment que cette étude s’est concentrée essentiellement sur la faune, sans prendre suffisamment en compte la flore, qui constitue pourtant l’habitat naturel de ces espèces.
Par ailleurs, cette réversibilité de la disparition des territoires vierges pourrait être mise à mal par le réchauffement climatique, quand bien même des espèces animales seraient réintroduites.
La question des zones protégées sera abordée durant la COP 15, à savoir la conférence mondiale de l’ONU sur la biodiversité, qui doit se tenir en octobre 2021 à Kunming, en Chine. L’objectif est d’atteindre, à l’horizon 2030, un minimum de 30 % de zones protégées à l’échelle mondiale.
Qu’est-ce qu’un territoire vierge ?
L’étude menée par ce groupe international, composé d’une douzaine de chercheurs universitaires d’Amérique du Sud et d’Europe, s’est basée sur la définition suivante pour cerner ce qu’est un territoire vierge : « une communauté écologique possédant l’effectif complet d’espèces connues ou prévues dans un site ou un écosystème particulier, par rapport à un repère historique approprié à la région, qui correspondra souvent à la période préindustrielle ».
Il s’agit là du standard mondial défini par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour identifier les « zones clés pour la biodiversité ». Ce standard est aussi appelé Standard KBA (Key Biodiversity Areas). Ces territoires doivent également être vierges de tout impact humain industriel direct.
Les résultats de l’étude sont alarmants : il ne reste que 2 à 3 % d’espaces terrestres vierges, soit un pourcentage largement inférieur à ce que toutes les autres estimations avaient prévu, misant sur 20 à 40 % de territoires vierges.