Dart, une sonde de 610 kg pour percuter un astéroïde de 160 mètres
Le scénario semble tout droit sorti d’un film de science-fiction. Mardi 27 septembre, à 1h15 du matin, la sonde Dart (Double Asteroid Redirection Test) de la Nasa s’est écrasée sur l’astéroïde Dimorphos.
Mesurant 160 mètres de diamètre, Dimorphos est le satellite d’un astéroïde plus gros, Didymos, d’un diamètre de 780 mètres. Distants l’un de l’autre d’un kilomètre, ces deux astéroïdes ne menaçaient pas la Terre.
Pour la Nasa, il s’agissait avant tout de tester sa capacité à réagir en optant pour la meilleure méthode si un astéroïde venait un jour à représenter un réel danger pour la Terre.
3 principales méthodes sont censées permettre d’éviter une collision dangereuse entre un astéroïde et notre planète. La première d’entre elles, l’impact cinétique, est celle qui a été retenue par la Nasa dans le cadre de la mission Dart. Elle consiste à percuter l’astéroïde avec un engin spatial pour modifier sa trajectoire.
Dans le cas de l’astéroïde Dimorphos, la Nasa a décidé d’envoyer une sonde de 610 kg, accompagnée d’un nanosatellite pour collecter des données et des images qui serviront à analyser les conséquences de l’impact.
Il faudra patienter plusieurs jours, voire plusieurs semaines pour que les scientifiques puissent livrer leurs conclusions, basées notamment sur l’observation des variations de l’éclat lorsque le plus petit des deux astéroïdes passe devant le plus gros. Puis en 2026, la sonde Hera, qui doit décoller dans deux ans, ira observer Dimorphos de plus près.
L’objectif de la Nasa était de réduire l’orbite de Dimorphos, de sorte qu’il ne mette plus que 11 heures et 45 minutes pour faire le tour de Didymos, contre 11 heures et 55 minutes avant l’impact. Cette variation de quelques centimètres par seconde est suffisante pour écarter le danger que représenterait un astéroïde menaçant d’entrer en collision avec la Terre.
Cette première méthode n’est applicable qu’aux astéroïdes de taille moyenne, mesurant entre 50 mètres et quelques centaines de mètres de diamètre. Son efficacité dépend de nombreux paramètres, comme la porosité de l’astéroïde impacté ou encore la poussée supplémentaire fournie par l’éjection des fragments de roche.
La deuxième méthode permettant d’éviter qu’un astéroïde percute la Terre est celle dite du tracteur gravitationnel. Elle consiste à dévier lentement la trajectoire de l’astéroïde en faisant voler à proximité plusieurs satellites artificiels, utilisant ainsi l'attraction gravitationnelle. Il faudrait toutefois des décennies pour tester cette technique, qui implique de repérer la cible des dizaines d’années avant la potentielle collision.
Enfin, la troisième méthode est l’explosion nucléaire à proximité de l’astéroïde, envisageable uniquement sur les plus gros d’entre eux (plus de 1 km de diamètre).
Les astéroïdes, un danger pour la Terre ?
De nombreux astéroïdes gravitent autour du Soleil. Certains s’approchent davantage de la Terre, et croisent son orbite. Ces astéroïdes sont appelés des géocroiseurs, et sont pour la plupart issus d’une ceinture d’astéroïdes située entre les orbites de Jupiter et de Mars. Les géocroiseurs peuvent également être des comètes.
On compte environ 20 000 géocroiseurs, parmi lesquels 2000 sont considérés par les spécialistes comme potentiellement dangereux. 2 critères sont retenus pour qu’un astéroïde entre dans la catégorie des Potentially Hazardous Asteroids (PHA), autrement dit des astéroïdes représentant une menace potentielle pour la Terre :
- la taille, qui doit être supérieure à 140 mètres de diamètre,
- et la distance d’intersection avec l’orbite de la Terre, de moins de 7,5 millions de km.
En dessous de 100 mètres de diamètre, un astéroïde se fragmente en pénétrant dans notre atmosphère, et représente donc un danger moins grand. Toutefois, les dégâts peuvent malgré tout être importants. Si les roches spatiales parviennent majoritairement sur Terre à l’état de poussières, certains fragments plus ou moins imposants traversent parfois l’atmosphère. C’est ce qu’on appelle des météorites.
Les scientifiques estiment que la météorite ayant formé il y a 66 millions d’années le cratère de Chicxulub, au Mexique, devait mesurer au moins 10 km de diamètre. Ce cratère fait partie des 5 plus grands cratères d’impact connus. La chute de cette météorite aurait projeté dans les airs une énorme quantité de poussière, bloquant la lumière du Soleil et provoquant de nombreuses perturbations climatiques qui seraient à l’origine de la destruction de 75 % des espèces végétales et animales, dont les dinosaures.
Le 30 juin 1908, une énorme explosion a causé d’importants dégâts en Sibérie, dans la région de la Toungouska. Sa puissance a été estimée à 1000 fois celle de la bombe d’Hiroshima. Si son origine est longtemps restée mystérieuse, la communauté scientifique pense aujourd’hui qu’elle serait due à la désagrégation d’une comète ou d’un astéroïde à une altitude de 5 à 10 km. Le souffle de l’explosion a causé la chute de 60 millions d’arbres dans un périmètre de 2000 kilomètres carré.
Le 15 février 2013, la désagrégation d’un astéroïde de 19 mètres lors de son entrée dans l’atmosphère terrestre, à Tcheliabinsk en Russie, a également provoqué une importante déflagration. Sa puissance a été équivalente à l’explosion de 550 kilotonnes de TNT, soit 30 fois moins que l’événement survenu en Sibérie plus d’un siècle auparavant. 1500 personnes ont été blessées, et de nombreux dommages matériels ont également été constatés.
Le risque qu’un astéroïde de très grande taille frappe la Terre est faible, mais pas inexistant. Selon les chercheurs, un corps céleste rocheux de 10 km peut, statistiquement, percuter notre planète tous les 10 millions d’années seulement. La fréquence passe à une fois tous les 500 000 ans pour les corps de 1 km, et à une fois tous les mille ans pour ceux de 50 mètres. Par ailleurs, une grande partie de la planète étant inhabitée, la probabilité que l’astéroïde fasse des victimes est d’autant plus réduite.
Malgré tout, les scientifiques surveillent attentivement les géocroiseurs, comme l’astéroïde Apophis. D’un diamètre de 340 mètres, il sera visible à l’œil nu lorsqu’il passera, le 13 avril 2029, à 30 000 kilomètres de la Terre.
Sources
- https://www.tf1info.fr/sciences-et-innovation/video-espace-mission-dart-la-nasa-percute-un-asteroide-afin-de-le-devier-une-premiere-pour-l-humanite-2233550.html
- https://www.tf1info.fr/sciences-et-innovation/mission-dart-de-la-nasa-les-trois-solutions-theoriques-pour-detourner-un-asteroide-2233503.html
- https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/asteroide-cest-fait-cest-historique-sonde-spatiale-dart-percute-asteroide-tenter-devier-100700/
- https://www.bfmtv.com/sciences/doit-on-avoir-peur-qu-un-asteroide-detruise-la-planete-terre_AN-202004260019.html
- https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/espace-asteroides-menacent-terre-87/
- https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/univers-geocroiseur-876/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Strat%C3%A9gies_de_d%C3%A9viation_des_ast%C3%A9ro%C3%AFdes#
- https://information.tv5monde.com/info/les-differentes-techniques-pour-devier-un-asteroide-472853https://www.liberation.fr/sciences/astronomie/cinq-chutes-de-meteores-restees-dans-lhistoire-20211123_WVT4OMKV4VCUBPDBVOBQTV3N5M/
- https://www.geo.fr/histoire/le-cratere-de-chicxulub-temoin-de-lasteroide-qui-aurait-elimine-les-dinosaures-211530
- https://www.sciencesetavenir.fr/espace/systeme-solaire/question-de-la-semaine-que-s-est-il-vraiment-passe-a-tunguska-en-1908_138281
- https://www.geo.fr/histoire/juin-1908-quand-le-mysterieux-evenement-de-la-toungouska-causait-lune-des-plus-puissantes-explosions-de-lhistoire-210662
- https://www.sciencesetavenir.fr/espace/systeme-solaire/il-y-a-un-an-la-meteorite-de-tcheliabinsk-s-abattait-sur-l-oural_23529