Une problématique mondiale
« Il y a le feu à la maison », a insisté Greta Thunberg au micro de France Inter lundi 24 octobre, dans le cadre de la promotion de l’ouvrage collectif Le grand livre du climat, dont elle a assuré la direction et qui rassemble une centaine de textes écrits par des scientifiques, des écrivains ou des activistes.
Aujourd’hui âgée de 19 ans, la militante écologiste suédoise se bat depuis des années pour une prise de conscience collective en faveur du climat, dont le dérèglement, a-t-elle rappelé, s’aggrave à une vitesse qui surprend les scientifiques eux-mêmes.
La pandémie, la guerre en Ukraine et la crise énergétique ont entraîné, selon Greta Thunberg, une baisse de l’intérêt pour les questions climatiques, et une participation plus faible aux différentes mobilisations. Si elle ne se dit pas surprise par ce phénomène, elle regrette néanmoins que la campagne électorale pour les récentes élections législatives en Suède ait si peu abordé les questions climatiques.
Refusant de se prononcer sur l’action climatique de la France, elle justifie sa position en expliquant que « se concentrer sur un pays ou un autre nous éloigne du fait que c’est une problématique mondiale ». Elle reconnaît toutefois que « certains pays en Occident ne se donnent pas les moyens d’agir ».
Greta Thunberg pointe notamment du doigt le greenwashing auquel, selon elle, se livrent de nombreux dirigeants politiques, « pour faire croire qu’ils font des choses qu’en fait ils ne font pas ».
Toutefois, elle souligne aussi l’aspect positif de ce constat : si les dirigeants politiques ont recours à de telles techniques, c’est parce que la pression citoyenne est suffisamment forte pour que le climat ne puisse plus être totalement absent de leurs discours.
« Les gens veulent élire des personnes qui se soucient de l’environnement et de cette crise », affirme-t-elle.
Une responsabilité morale
« Non, il n’est pas trop tard et il ne sera jamais trop tard », insiste la militante, qui rappelle qu’il est fondamental de limiter au maximum l’élévation des températures pour préserver la vie de millions de personnes.
Selon Greta Thunberg, « nous n’avons plus le luxe d’établir des priorités » en termes d’action climatique. Si elle estime indispensable d’établir des « budgets carbone contraignants annuels » et de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre, elle explique toutefois qu’il n’y a pas « de solution miracle qui va régler la totalité du problème », mais un ensemble d’actions à mener de front.
Celle qui, en 2018, a initié le mouvement mondial des grèves scolaires pour le climat, insiste sur le fait qu’il existe encore une possibilité d’agir pour limiter l’ampleur du réchauffement climatique, comme l’affirment aussi les scientifiques.
La militante écologiste déplore l’absence de volonté politique, et la tendance consistant à pointer du doigt d’autres pays, considérés comme plus fautifs. « Ça ne mène nulle part », regrette-t-elle.
« La crise climatique est une crise mondiale, qui ne peut être résolue isolément par un pays ou par un autre », insiste-t-elle, soulignant que les pays jouant le plus grand rôle dans le dérèglement climatique sont souvent les pays les plus riches.
Greta Thunberg explique avoir réussi à surmonter son éco-anxiété en passant à l’action. Selon elle, chacun peut prendre sa part, notamment en s’éduquant et en comprenant la crise climatique.
« Une fois qu’on a vraiment compris les tenants et les aboutissants, on sait ce qu’on doit faire et ce qu’il ne faut pas faire. »
Elle prône également l’importance du militantisme pour accélérer la prise de conscience collective.
« Certains peuvent faire plus que d’autres », rappelle-t-elle toutefois à l’intention des responsables politiques, qui ont selon elle « la responsabilité morale d’agir ».
Photos : instagram.com/gretathunberg/