Lamya Essemlali : portrait d’une activiste de Sea Shepherd Lecture : 7 min
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Lamya Essemlali : portrait d’une activiste de Sea Shepherd

Les « pirates » de Sea Shepherd peuvent compter sur l’engagement et la détermination de Lamya Essemlali. Présidente de l’antenne française de cette organisation écologiste militante, elle défend la biodiversité marine par ses actions en mer, mais aussi par son travail de sensibilisation sur terre. Parce que « si l’océan meurt, nous mourrons aussi », il est impératif pour la responsable de l’ONG de protéger les espèces aquatiques de la surpêche, du braconnage et d’autres pratiques illégales toutes aussi dangereuses pour notre écosystème fragile. Portrait d’une activiste engagée.

Des débuts bien loin des océans pour Lamya Essemlali, mais déjà un esprit rebelle

Née à Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine en 1979, rien ne semblait prédestiner Lamya Essemlali à une vie mouvementée sur les océans. Aucune proximité géographique avec la mer, aucune sensibilité à l’environnement parmi ses proches et pas de marin dans la famille non plus pour cette petite fille issue d’une famille monoparentale avec une maman d’origine marocaine. Dès l’enfance, elle aime profondément les animaux sans pour autant chercher à orienter sa carrière en ce sens.

Son engagement auprès de Sea Shepherd n’était pas une évidence de la première heure non plus. Avant d’en arriver là, Lamya Essemlali fait des études en filière ES puis continue dans une école de publicité. Après des stages chez L’Oréal et Gaz de France, elle se sent en perte de sens. Elle enchaîne les jobs alimentaires puis se décide à retourner sur les bancs de la fac afin d’obtenir un master en sciences de l’environnement à l'Université Pierre et Marie Curie (Paris VI).

Cette décision découle de son implication en tant que bénévole chez WWF. À l’époque, Lamya Essemlali ambitionne de devenir chargée de campagne pour l’ONG, d’où ce retour aux études. Toutefois, son parcours universitaire ne se fait pas sans difficultés ni sans frictions avec les professeurs, notamment sur le sujet de la dissection des animaux.

 

Bénévolat : de WWF à Sea Shepherd

C’est en 2003, lors d’une soirée de bénévolat pour WWF, qu’elle entend parler pour la première fois de cette association qui lutte contre la chasse à la baleine. Sea Shepherd prépare alors sa toute première campagne en Antarctique. Impressionnée par cette action, Lamya Essemlali tient absolument à assister à la conférence de Paul Watson lorsqu’il se rend en France en 2005. Le Président de Sea Shepherd expose alors sa philosophie et ses pratiquesLe discours est saisissant pour la jeune femme qui se reconnaît enfin véritablement dans une ONG après avoir approché WWF et Greenpeace sans conviction poignante.

C’est décidé, Lamya Essemlali souhaite embarquer dans l’aventure. Paul Watson lui pose alors ce jour-là la seule question qui compte véritablement pour un tel engagement.

« Es-tu prête à risquer ta vie pour une baleine ? »

Sans n'en avoir jamais vu de sa vie, la réponse est pourtant limpide. C’est ainsi que quelques mois plus tard, la jeune militante rejoint le bateau en Floride direction les Galapagos d’abord, puis la campagne en Antarctique ensuite.

La toute première mission de Lamya

Dans le sanctuaire baleinier antarctique, Lamya Essemlali découvre les baleines pour la première fois de sa vie en 2005. Elles étaient en train de fuir des braconniers. Lors de cette première mission, la question posée pour son engagement prend alors tout son sens.

Le lendemain de Noël, Sea Shepherd avait trouvé le navire-usine de la flotte japonaise. Le Nisshin Maru fort de ses 8 000 tonnes fonce alors droit sur le bateau de l’ONG, qui est lui 10 fois plus petit. En pleine tempête avec des creux de 8 mètres de haut, Paul Watson décide pourtant de faire face sans bouger. Le premier officier annonce alors la collision imminente.

À ce moment une pensée traverse l’esprit de Lamya Essemlali : « signer des pétitions c’est quand même plus simple ! ».

Et en même temps elle confie que pour rien au monde elle n’aurait souhaité être ailleurs.

Malgré le risque encouru, cette petite flotte de bénévoles a su s’interposer face à la troisième puissance économique mondiale qui a finalement viré de bord au dernier moment. D’autres actions suivront cette intervention réussie, comme le sauvetage des globicéphales braconnés aux îles Féroé, des tortues marines exterminées à Mayotte ou encore des dauphins échoués en France…

 

« L’océan m’a appris l’humilité, face à lui je me suis sentie toute petite et c’est ce qui m’a le plus fait grandir. Et Sea Shepherd m’a appris que la vie n’est jamais aussi forte que quand on a trouvé une raison pour laquelle on est prêt à la risquer ».

La création et l’expansion de Sea Shepherd France

De retour dans l’Hexagone en 2006, Lamya Essemlali crée avec un ami l’antenne Sea Shepherd France dont elle est d’abord vice-présidente. Elle termine alors ses études en parallèle. En 2008, face à la démission du président de la division française de l’ONG qui compte seulement 10 donateurs, elle ne se décourage pas. Lamya reprend la présidence et mène l’antenne française au rayonnement qu’elle connaît aujourd’hui.

Avec plus de 10 000 donateurs et un budget qui avoisine le million d’euros chaque année, c’est l’une des branches nationales les plus importantes et les plus actives dans le monde. Cette fervente militante organise et participe à des opérations sur terre et en mer, sans compter ses interventions régulières de sensibilisation auprès du grand public et dans les médias.

Par ailleurs, elle est également co-directrice de Sea Shepherd Global et maman d’une petite fille. De nombreuses casquettes pour cette femme d’action et de caractère qui a su se nourrir de l’adversité pour booster sa motivation.

L’action au service de la philosophie

Lamya Essemlali est la numéro 2 de Sea Shepherd. Elle est une membre emblématique de l’organisation. Plus que la mort, ce dont a véritablement peur cette activiste c’est de passer à côté de sa vie. C’est ce qu’elle confie dans le TEDx à Montpellier en 2020. Grâce à Sea Shepherd elle a trouvé chaussure à son pied avec une philosophie alignée à de véritables actions et un mode opératoire très combatif qui correspond à son tempérament.

Elle nous rappelle que l’océan est le premier organe de régulation du climat, bien avant les forêts. C’est aussi le premier fournisseur d’oxygène.

« Plus d’une inspiration sur deux quand je vous parle je la dois à la vie marine. »

Lamya Essemlali sait être dans l’action, elle a participé et organisé plusieurs missions périlleuses. Mais elle nous explique aussi très calmement que l’océan n’est pas là uniquement pour nous faire rêver et que cette phrase n’est pas une simple idéologie. C’est une réalité dont nous n’avons pas suffisamment conscience. L’océan est une machinerie peuplée d’individus qui avant d’être de la nourriture sont des ouvriers essentiels.

La passion pour la vie est un moteur plus puissant que l’envie de tuer et c’est ce qui fait toute la différence des bénévoles face aux braconniers. Tuer des baleines ou des dauphins, qui sont des animaux avec un capital sympathie extraordinaire, est un désastre.

« Si les baleines disparaissent, non seulement on aura désenchanté le monde. Mais si les baleines disparaissent, on ne sauvera pas l’océan, parce que si on ne sauve pas les baleines, on ne sauvera rien d’autre. Et un monde où l’océan est mort c’est un monde sans nous » (extrait du TEDx de Marseille en 2017).

 

 

 


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