Le village Emmaüs de Lescar-Pau, un écolieu social et solidaire Lecture : 5 min
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Le village Emmaüs de Lescar-Pau, un écolieu social et solidaire

Implanté dans la commune de Lescar, dans les Pyrénées-Atlantiques, le village Emmaüs de Lescar-Pau compte 115 habitants. Cet écolieu social à découvrir, fondé en 1982, repose sur l’économie circulaire et la solidarité, comme toutes les communautés Emmaüs. Avec, ici, un petit supplément d’âme, et une démarche poussée jusque dans les détails.

Le village solidaire Emmaüs de Lescar-Pau

Dans le village Emmaüs de Lescar-Pau, qui s’étend sur 15 hectares, 115 compagnons, de passage ou installés depuis plusieurs années, sont hébergés dans des maisons individuelles, des chambres ou des mobile-homes.

Sur le site, la ferme créée en 2008 occupe 2 hectares avec le potager, le verger et l’élevage en agroécologie, et 25 hectares situés quelques kilomètres plus loin sont utilisés pour la culture des céréales. À la ferme s’ajoutent un restaurant, un bar, un fournil, une épicerie de produits bio et locaux, une crêperie, une déchetterie et une recyclerie.

 

Germain Sarhy, qui a fondé la communauté de Lescar-Pau en 1982, revendique l’identité politique anticapitaliste du village, même si tous les compagnons n’y adhèrent pas et que ce discours engagé est la source de certaines tensions avec Emmaüs France.

Au-delà des convictions politiques, c’est la solidarité qui est au centre de cette communauté, où se mêlent des personnes de divers horizons ayant en commun de s’être retrouvées, à un moment de leur vie, en grande difficulté. Ainsi, nombreux sont les compagnons à avoir été sans domicile fixe, sans papier, en situation de rupture familiale ou encore fragilisés par des addictions.

Mais certains font également le choix de rejoindre le village Emmaüs de Lescar-Pau par désir de vivre différemment, dans un écolieu qui se présente comme une alternative à la société de consommation.

Quelle que soit la raison de leur arrivée, les compagnons peuvent s’installer sans limitation de durée, et sont nourris et logés gratuitement. En échange, ils travaillent cinq jours par semaine, de 8 h à 18 h, et perçoivent une somme allant de 400 à 500 euros par mois, à laquelle peuvent s’ajouter certaines aides de l’État comme la prime d’activité.

Tous les compagnons bénéficient d’une couverture maladie et cotisent pour la retraite, grâce au statut d’Organisme d’accueil communautaire et d’activités solidaires (OACAS) dont le village bénéficie, au même titre qu’environ 120 communautés Emmaüs. L’État reconnaît officiellement ces compagnons comme des travailleurs solidaires.

Le village Emmaüs de Lescar-Pau et l’économie circulaire

Depuis 2008, le village Emmaüs de Lescar-Pau abrite une déchetterie, dont l’implantation a été proposée aux compagnons par la métropole en échange d’une subvention. Si la subvention a été refusée, pour montrer aux élus locaux que les déchets ne sont pas sans valeur, le projet de déchetterie a bel et bien été accueilli.

Les objets et matériaux récupérés sont triés dans les hangars et les ateliers du village. Tout ce qui peut être réparé, de l’informatique à l’électroménager, est remis en état de fonctionnement grâce à des pièces détachées provenant elles aussi de la récupération.

 

Les compagnons ont adopté une démarche zéro déchet, et tentent au maximum de trouver une nouvelle utilité aux objets, jusqu’à la vaisselle cassée qui est déposée dans une gravière, où elle sert, une fois mélangée au gravier, à recouvrir les routes.

70 % des déchets récupérés par le village Emmaüs de Lescar-Pau sont recyclés, et 80 % du chiffre d’affaires de la communauté est réalisé grâce à la vente de ces objets. 90 % des besoins en matériel de la ferme sont couverts grâce au tri et au recyclage.

Les déchets verts reçus à la déchetterie sont envoyés dans un compost industriel, qui revend au village un compost prêt à être utilisé, et les branches d’arbres feuillus sont utilisées par pailler les sols. Quant aux restes produits par les restaurants, ils sont donnés aux cochons, ou compostés lorsqu’ils peuvent l’être.

La ferme permet au village d’être totalement autonome en ce qui concerne la viande, et produit 70 % de la farine utilisée pour le pain. 100 % des fruits et légumes sont autoproduits.

L’un des points faibles du village, sur le plan écologique, est à chercher du côté des habitations, les mobile-homes, généralement anciens et mal isolés, consommant beaucoup d’électricité. Mais une équipe dédiée à l’écoconstruction est en passe d’y remédier, et plusieurs petites maisons écologiques et économiques ont déjà vu le jour.

Là encore, la récupération et le recyclage sont incontournables : si les compagnons achètent localement le bois de construction, ils récupèrent tout de même une grande quantité de matériaux et utilisent depuis peu leur propre isolant, en faisant transformer les vêtements et les livres récupérés en ouate par une entreprise locale.

C’est donc un véritable modèle de société alternative, basée sur la solidarité et l’économie circulaire, que donne à voir le village Emmaüs de Lescar-Pau.

 


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