Un constat alarmant sur l’état des océans
Le constat est sans appel, la pollution plastique fait des ravages. Des actions sont nécessaires pour nettoyer les eaux, mais aussi pour ne pas aggraver la situation. Rappelons que le 7ème continent, découvert en 1997 par l’océanographe américain Charles J. Moore, mesure déjà 3,5 millions de km2, soit 6 fois la France. C’est dans cette zone éloignée des routes maritimes que convergent tous les déchets qui se retrouvent dans les océans.
Cet amoncèlement flottant, nommé « continent de plastiques », est alimenté chaque année par près de 10 millions de tonnes d’objets, principalement des emballages et autres contenants à usage unique. Les déchets parcourent un long chemin entre le moment où ils sont abandonnés dans la nature et celui où ils atteignent le septième continent, voguant de ruisseaux en fleuves jusqu’aux embouchures des mers.
Des grands mammifères aux bancs d’anchois, les animaux marins sont attirés par ces déchets qu’ils considèrent comme de la nourriture, qu’il s’agisse de sacs plastiques flottants ou de débris de polymères. La chaîne de contamination concerne alors toute la biodiversité.
Mais au-delà de ce phénomène, les scientifiques s’inquiètent de la disparition d’une grande quantité de déchets plastiques à la surface des gyres océaniques. Ces derniers ne semblent finalement pas tomber au fond de l’eau, mais plutôt se dégrader en nanoparticules sous l’effet du rayonnement solaire. Selon cette théorie développée par Alexandra Ter Halle, chercheuse au CNRS, les microplastiques seraient alors capables de contaminer le plancton.
Les nanoparticules agiraient également comme des pièges à polluants, accentuant alors les phénomènes de « zones mortes ». Équivalentes en surface au Royaume-Uni, il s’agit de grandes étendues où les rejets industriels ont engendré une pollution si forte que la vie marine n’y est plus possible.
Des barrages flottants sur les cours d’eau et des filets antidéchets pour résoudre le problème à la source
Des start-ups se sont lancées sur le développement de solutions en mer, avec des navires capables de récupérer le plastique qui flotte à la surface. D’autres ont décidé de se concentrer sur la source du problème afin d’éviter que le flux de déchets et les rejets de polluants ne puissent atteindre les mers.
Plastic Vortex, Pollustock, Capillum… les initiatives se multiplient et se complètent avec un même objectif : la dépollution des eaux.
L’intérêt des barrages flottants
Ils permettent de stopper et récupérer les déchets transportés par le courant. Les barrages flottants disposent d’une chambre de flottaison visible en surface et de rideaux déployés sous le niveau des eaux, dotés d’une profondeur pouvant aller jusqu'à 20 mètres.
Ces installations ont différentes finalités : récupération des déchets plastiques, absorption d’hydrocarbures, rétention des métaux lourds ou des produits chimiques… Les matériaux utilisés sont plus ingénieux les uns que les autres. Citons notamment Capillum qui collecte les cheveux chez les coiffeurs pour nettoyer les zones portuaires grâce aux propriétés étonnantes du cheveu, absorbant naturellement jusqu’à 8 fois son poids en hydrocarbures.
Pour Anthony Coulon et Alexis Eskenazi, à l’initiative des barrages Plastic Vortex et de la Charte « Mon territoire s’engage : rivières et fleuves sans plastique, océan protégé », la sensibilisation est primordiale même si elle ne suffit pas à combler le manque d’investissements.
La visibilité des filets antidéchets
Installés en sortie d’eaux pluviales et en zone portuaire, les filets antidéchets ont un maillage très fin qui leur permet d’arrêter presque tous les détritus. Mais ils jouent aussi un autre très grand rôle, notamment pour favoriser la prise de conscience des usagers.
Comme le souligne Stéphane Asikian, président de Pollustock, certaines personnes ne mesurent pas l’impact de leurs gestes. « Les gens nous disent : j’ai jeté un déchet, c’est quoi l’impact ? Oui, mais si trente millions de personnes jettent un déchet, ça fait trente millions de déchets. » C’est ainsi que 80 % des déchets en mer proviennent de la terre.
Les filets remplis de détritus sensibilisent grandement le public aux enjeux écologiques. Ces dispositifs se multiplient dans les agglomérations proches du littoral, à l’image du projet porté par Pollustock en partenariat avec l’école de Théoule-sur-Mer dans la communauté d’agglomération de Cannes.