Détecter les fuites d’eau : une histoire de flair Lecture : 4 min
  1. Accueil
  2. News
  3. Environnement
  4. Détecter les fuites d’eau : une histoire de flair

Détecter les fuites d’eau : une histoire de flair

Pour préserver les ressources, Veolia mise sur une toute nouvelle approche. La société d’exploitation des réseaux d’eau potable expérimente la détection de fuites sur les canalisations grâce au flair des chiens. Cette brigade canine semble originale, mais les résultats des premiers tests se révèlent très concluants. Le groupe devrait étendre la démarche sur l’ensemble de son système de gestion. Pourquoi faire appel au flair des canidés ? Comment les chiens renifleurs parviennent-ils à détecter les fuites d’eau ? Tour d'horizon du sujet.

Le besoin d’explorer une méthode complémentaire de recherche des fuites d'eau

Pour détecter les fuites sur le réseau d’eau potable, Veolia dispose déjà d’un arsenal de moyens technologiques. Les recherches peuvent se faire à l’aide de procédés acoustiques, basés sur les sifflements produits par les fuites d’eau. Mais les micros et les spécialistes du son se heurtent parfois aux spécificités du terrain. En milieu urbain notamment les bruits sont trop forts et face à des canalisations en plastique la résonance est trop faible.

La surveillance des milliers de kilomètres de canalisations se fait également la nuit grâce à une observation des données de consommation par secteur. Si un dépassement des niveaux minimum est repéré, une alerte se déclenche. C’est le signe qu’une fuite se situe quelque part sur le réseau.

Une autre méthode consiste à injecter de l’hélium dans l’eau et rechercher à l’aide de détecteurs les zones d’où il s’échappe.

Malgré tout, les pertes s’estiment en millions de mètres cubes d’eau chaque année. Certaines zones reculées sont en effet trop difficiles d’accès pour l’utilisation des moyens technologiques. Et parfois, ce sont les circuits des canalisations qui sont mal définis.

Veolia a donc souhaité exploiter une autre méthode, basée sur un postulat de départ assez simple. Le chlore utilisé dans le réseau pour répondre aux normes sanitaires s’échappe lui aussi des canalisations lors des écoulements invisibles d’eau.

Après avoir cherché une technologie capable de repérer l’odeur du chlore, l’entreprise s’est intéressée au flair des chiens.

« On savait que les chiens travaillaient sur beaucoup de domaines différents comme les explosifs, la recherche de corps, alors pourquoi pas les fuites d’eau ? » explique David Maisonneuve, responsable technique chez Veolia. « Le chien a un flair qu’aucune machine ne peut égaler, aussi perfectionnée soit-elle », ajoute-t-il pour France Info.

Des chiens renifleurs pour la détection des écoulements de chlore

Cette expérience menée par Veolia est une première sur le territoire. L’entreprise gestionnaire des réseaux d’eau a entamé ce projet il y a trois ans maintenant.

 

La brigade canine est composée de chiens renifleurs, aussi appelés chiens de détection. Ici, ce sont quatre bergers allemands. Ils sont spécialement dressés pour traquer et signaler la présence de certaines matières. Dans ce cas précis, tout leur apprentissage tourne autour du chlore.

Pour développer leur sens olfactif et leur coopération, les chiens sont éduqués par le jeu. L’odeur du chlore est associée à une balle par exemple. Lorsque l’animal part en séance de travail, il est incité à retrouver l’émanation qui se rapporte à son jouet. C’est la complicité avec son maître, le jeu et la récompense qui motive le chien.

Des tests grandeur nature ont été réalisés dans le sud de la France et les résultats vont au-delà des seuils initialement fixés. Dans les zones rurales difficiles d’accès ou en plein cœur des villes et du bruit et cela même après de grosses averses sur un terrain encore détrempé… les chiens arrivent à détecter les fuites dans des conditions extrêmes, là où les technologies atteignent leurs limites.

 

Un projet qui peut sembler original, mais avec des enjeux très sérieux

Pour mener sa brigade canine, Veolia a fait appel à l’expertise d’anciens militaires. Les maîtres-chiens spécialistes dans l’art du dressage deviennent alors les cyno-techniciens de l’entreprise. Nina, Kelly, Nanky ou Kyrie, les chiens recrutés pour cette mission sont accompagnés notamment par François Bourdeau, ancien militaire de Marseille.

Lors de la première étape de cette expérimentation, il a fallu déterminer si les chiens pouvaient reconnaître et marquer l’odeur du chlore. La seconde étape a été de les mener sur des fuites avérées et d’observer s’ils arrivaient à les déceler par le flair. La troisième étape est en cours. Il s’agit de passer les chiens sur un mode opérationnel pour déployer la technique sur l’ensemble du réseau exploité par Veolia.

La recherche de fuites est en effet un sujet majeur pour l’entreprise avec des enjeux de taille autour d’une amélioration du rendement, notamment dans les zones où les épisodes de sécheresse se multiplient et où la ressource se raréfie. La brigade canine est une solution à faible empreinte carbone, totalement en accord avec les démarches de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).


Alternativi vous recommande :