ZFE : le grand flou artistique
Ce mardi 17 juin, l’Assemblée nationale a adopté un texte prévoyant la fin des zones à faibles émissions (ZFE), ces périmètres urbains dans lesquels les véhicules les plus polluants sont interdits de circulation. Une bonne nouvelle pour certains automobilistes... mais un peu précipitée.
Car non, les ZFE ne disparaissent pas du jour au lendemain. Ce vote n’est qu’une étape d’un parcours législatif encore semé d’embûches. Avant toute entrée en vigueur, le texte doit être validé par une commission mixte paritaire, une sorte de comité de relecture composé de 7 députés et 7 sénateurs, puis, le cas échéant, passer l’épreuve du Conseil Constitutionnel.
Bref, tant que ce petit monde n’a pas tranché, les ZFE sont toujours en place. Et votre vignette Crit’air aussi.
Vignette Crit’air : toujours obligatoire pour le moment
Affichée en bas à droite du pare-brise, la fameuse pastille colorée reste aujourd’hui indispensable pour circuler dans 42 agglomérations françaises. Parmi elles : Le Havre, Caen, Rouen, Rennes, Angers, Marseille, Lyon, Toulouse… Et dans ces zones, l’absence de vignette est passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 68 € pour une voiture ou un deux-roues.
Alors non, inutile de gratter votre autocollant avec une vieille carte de fidélité ou un ongle désespéré. La vignette Crit’air, aussi contestée soit-elle, reste valable et obligatoire tant que la loi n’a pas été promulguée, et que votre commune ne l’a pas expressément abandonnée.
Et si les ZFE disparaissent, que deviennent les vignettes ?
Bonne question. En théorie, si la loi est validée en l’état, les communes ne seront plus tenues de restreindre la circulation selon le classement Crit’air. Mais rien ne les empêchera d’appliquer ces restrictions de leur propre chef. Ce sera alors à la carte, chaque municipalité décidant (ou non) de maintenir son dispositif.
C’est d’ailleurs déjà le cas dans certaines villes comme Marseille, qui a annoncé maintenir les restrictions en dépit de la suppression nationale des ZFE. Une sorte de “ZFE à la marseillaise”, si l’on peut dire.
Certaines agglos pourraient dire stop à Crit’air, d’autres le maintenir, et quelques-unes peut-être même renforcer le dispositif pour répondre à leurs impératifs locaux de qualité de l’air.
Faut-il décoller sa vignette Crit’air ? La réponse est non
Tant que la loi n’est pas officiellement promulguée et que votre commune n’a pas modifié sa réglementation, la vignette Crit’air reste exigée. Son coût reste modeste (3,81 €), mais son absence peut vous coûter cher. Mieux vaut donc jouer la carte de la prudence.
D’autant plus que ce petit autocollant reste un outil de classification environnementale. Certaines collectivités ou parkings proposent déjà des avantages pour les véhicules les moins polluants (comme la gratuité du stationnement pour les Crit’air 0 ou 1). Même si les ZFE disparaissent, la vignette pourrait bien survivre autrement.
ZFE ou pas, la transition écologique continue
Enfin, un mot d’ordre : la fin des ZFE ne signifie pas la fin de la lutte contre la pollution automobile. Le vote du 17 juin reflète surtout les tensions entre enjeux écologiques et réalités sociales. Mais dans les faits, la transition vers des mobilités plus propres reste une priorité nationale et européenne.
C’est aussi l’occasion de repenser notre rapport à la voiture, d’explorer d’autres alternatives comme le covoiturage au quotidien, les mobilités douces ou encore la réduction de notre dépendance à la voiture.
La suppression des ZFE n’est pas encore actée définitivement. Les débats politiques et juridiques sont encore en cours, et les municipalités garderont la main sur leur application. Pour les automobilistes, le bon réflexe reste donc de garder la vignette Crit’air en place, au moins jusqu’à nouvel ordre.
