Trafic déguisé : l'huile de palme se fait passer pour un carburant vert Lecture : 3 min
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Trafic déguisé : l'huile de palme se fait passer pour un carburant vert

Sous couvert de recyclage d'huile de cuisson, l'aviation européenne pourrait être victime de fraude menaçant gravement les forêts tropicales, alertent des ONG.

Des suspicions de greenwashing planent au-dessus de l'aviation

Dans sa quête de solutions aériennes plus écologiques, le secteur de l'aviation européen s'est tourné vers l'utilisation d'huiles de friture recyclées comme une alternative prétendument plus propre pour les biocarburants. Cependant, des inquiétudes croissantes surgissent quant à la possibilité que cette huile usagée soit en réalité de l'huile de palme, notoirement connue pour ses impacts négatifs sur l'environnement.

Des entreprises aéronautiques telles que Ryanair et Air France font la promotion de l'inclusion de cette huile dans leur consommation de carburant, avec des objectifs ambitieux pour 2030. Mais ces nobles intentions pourraient bien masquer une réalité plus sombre.

Des révélations surprenantes

Une analyse effectuée par l'organisation non gouvernementale T&E (Transport et environnement) révèle que la Malaisie, un des principaux pays producteurs d'huile de palme, exporterait bien plus d'huile de friture qu'elle ne pourrait raisonnablement en collecter. Ces révélations surprenantes présentent la possibilité d'une fraude systématique, où l'huile de palme de plus en plus bannie en Europe pour ses conséquences écologiques se voilerait en huile de friture durable.

Les autorités concernées ont vu un certain nombre de preuves de telles pratiques. Par exemple, la Commission européenne a observé une baisse considérable de 26 % des importations de biodiesel chinois vers l'Europe après l'annonce d'une enquête. Cette diminution subite semblant valider les craintes de substitution d'huiles.

Ce détournement présumé est apparu après que la Commission européenne a changé de cap concernant les biocarburants en 2018, en affichant la volonté de réduire l'utilisation d'huiles de palme et de soja, responsables de la déforestation. Elle a mis en œuvre une politique de double comptabilité, permettant aux huiles usagées d'être comptées deux fois vis-à-vis des objectifs de transition énergétique, intensifiant potentiellement l'intérêt pour un commerce peu scrupuleux.

Des prétentions d'objectifs écologiques très ambitieuses

L'augmentation soudaine de la consommation européenne d'huile de cuisson pour les biocarburants soulève la question de la durabilité. Selon T&E, cette croissance exponentielle, sans possibilité de s'appuyer uniquement sur la collecte locale, indique clairement que les capacités de production sont largement dépassées.

Malgré cela, les compagnies aériennes proclament que ce type de biocarburant représente une part substantielle de leur stratégie de durabilité. Ryanair seul voudrait alimenter 12,5% de ses avions avec des carburants d'aviation durables d'ici 2030, ce qui demanderait la totalité de la quantité collectée en Europe.

L'ONG Transport et environnement préconise une refonte des règles afin de stopper ces importations et de promouvoir plutôt une stratégie de collecte faisable et responsable, tout en explorant des solutions de rechange telles que l'hydrogène ou l'électrique.

Source image : https://app.leonardo.ai/