« C'est une réalité terrifiante qui se confirme », confie avec inquiétude Dominique Lazarski, à la tête de l'Association de défense de l'environnement des riverains de l'aéroport de Beauvais-Tillé (Adera). L'organisation en charge du site aéroportuaire pour les trente futurs exercices a été désignée.
L'entité Egis-Bouygues-Serena qui va gérer le lieu, prévoie dans son offre un flux de huit millions de voyageurs et un volume de 45 000 mouvements aériens annuellement en dix ans, en envisageant d'atteindre 53 000 mouvements d'ici la fin du contrat de privatisation. L'on serait alors confrontés à un accroissement de 20 000 vols par an au-dessus de ce territoire, si l'on considère les standards actuels de l'aéroport.
Lors de la manifestation du 15 juin, les paroles de Mireille font état d'un ras-le-bol palpable. « En pleine période estivale, les avions sont si nombreux qu'il nous faut barricader portes et fenêtres », elle se plaint, ajoutant que les pommes de son jardin sont « teintées par le poids de la pollution ».
Dans l'ombre toxique du kérosène
Isabel et Eric, apiculteurs locaux, témoignent également de l'odeur des carburants aériens dès le réveil. Le petit hameau de Plouy-Saint-Lucien, où ils résident, est situé à un jet de pierre des pistes et parle amèrement d'une multiplication des cas de maladies graves. « Presque chaque habitation a à affronter un diagnostic de cancer. » confirme Eric, subjectivement victime lui-même de la maladie. Ils font le lien supposé avec la qualité de l'air impactée par les fréquents survols des aéronefs à faible hauteur.
« L'élargissement de cette zone aéroportuaire est devenu une cause de santé publique », clame avec gravité Alexandre Ouizille, sénateur socialiste de l'Oise, porteur d'un texte législatif visant à limiter le trafic aérien et à exiger un moratoire sur les extensions d’aéroports. « Les nuisances acoustiques et les microparticules amputent l'espérance de vie », souligne-t-il, considérant en outre l'absurdité environnementale du secteur aérien qui n'a pas prouvé son aptitude à diminuer son empreinte carbone.
Durant le rassemblement, les voix se sont élevées pour exiger un industrie aérienne plus contrôlée. La mobilisation continue de s'étendre avec la campagne 'Halte au Tarmac', rassemblant aussi bien des associations ancrées localement que des collectifs plus récents.
Conséquences immobilières et sanitaires
Les riverains ont commencé à constater non seulement l'impact sanitaires mais également la chute potentielle de la valeur des biens immobiliers. Dans les boîtes aux lettres, 25 000 tracts explicitant les méfaits de l'extension ont été déposés par les associations. Plusieurs maires ont pris officiellement position contre l'agrandissement.
Les élections législatives intervenant peu de temps après ces mouvements de protestation ont été le théâtre d'appels à s'exprimer dans les urnes. Toutefois, ces annonces ont sourcé le débat, un présage que la lutte n'est pas seulement écologique ou sanitaire, mais traverse également le champ politique et social.
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