Déchets : le tout-recyclage est-il vraiment la solution ? Lecture : 7 min
  1. Accueil
  2. News
  3. Environnement
  4. Déchets : le tout-recyclage est-il vraiment la solution ?

Déchets : le tout-recyclage est-il vraiment la solution ?

Adoptée fin janvier 2020, la loi contre le gaspillage a fixé comme objectif le recyclage de 100 % du plastique d’ici 2025. Pourtant, plusieurs associations de protection de l’environnement l’affirment : le tout-recyclage n’est pas la solution aux tonnes de déchets produites chaque année. Pour quelles raisons ? Découvrez ici pourquoi.

L’impact environnemental du recyclage

Le processus de recyclage, s’il est globalement bénéfique, n’est pas pour autant neutre sur le plan environnemental. Ainsi, le recyclage du carton émet davantage de CO2 que son processus de fabrication à partir de matière vierge. Si ce n’est pas le cas du plastique, son transport, l’énergie et l’eau consommées pour le recycler ont tout de même un impact environnemental non négligeable.

De plus en plus de marques de prêt-à-porter commercialisent des chaussures ou des vêtements fabriqués à partir de déchets plastiques recyclés. L’initiative semble bonne, mais elle n’est pourtant pas si écologique qu’elle semble l’être à première vue.

D’une part, si les plastiques sont collectés à plus de 8 000 km (parcourus en camion) du lieu de production, le bilan carbone du recyclage est plus lourd que celui de l’incinération ou du recyclage des déchets sur place. De plus, pour concevoir ces produits, les fabricants vont devoir ajouter aux matières recyclées des matières neuves, ce qui entraîne la consommation de nouvelles ressources.

Ensuite, ces vêtements et chaussures vont, à chaque lavage, rejeter de grandes quantités de microparticules de plastique, qui rejoindront les cours d’eau et les océans, et seront ingérées par les poissons et autres organismes aquatiques, intégrant ainsi la chaîne alimentaire.

Enfin, ces déchets plastiques ne sont pas recyclables à l’infini, mais 1 à 5 fois maximum, le plastique se dégradant à chaque recyclage, ce qui ne règle pas le problème sur le long terme.

Les produits recyclés sont donc beaucoup moins intéressants, d’un point de vue environnemental, que les vêtements et autres objets de seconde main, pour lesquels aucune ressource supplémentaire n’est utilisée.

À lire aussi
Friperies : les adolescents raffolent des vêtements de seconde main
En ce moment, les vêtements d’occasion connaissent un véritable engouement. Aux États-Unis, le secteur a connu une forte croissance. Il pesait 21 milliards d’euros en 2018 et devrait avoisiner les 45 milliards d’euros à l’horizon 2024. Dans l’hexagone, en 2018, le secteur de la seconde main a dépassé le milliard d’euros de chiffre d’affaires. D’après l’institut français de la mode, en 2019, près de la moitié des Français ont acheté un vêtement d’occasion alors qu’ils n’étaient qu’un tiers en 2018. Les friperies séduisent notamment les adolescents. Décryptage d’un phénomène.

Le recyclage sert trop souvent à justifier le tout-jetable

Le recyclage est loin de pouvoir faire face à notre niveau actuel de consommation. L’extraction de matières premières est aujourd’hui en essor permanent, et progresse entre 2 et 3 fois plus vite que les capacités de recyclage.

En parallèle, malgré certaines mesures d’interdiction, les produits jetables, à usage unique ou ayant une durée de vie très courte, continuent à être produits à grande échelle. Pour se dédouaner, les fabricants utilisent de plus en plus l’argument du recyclage, qui est pourtant largement insuffisant pour « absorber » ces flux de déchets.

En France, 50 % des emballages en plastique ne sont pas ou très difficilement recyclables. En cause, des infrastructures insuffisantes, mais aussi les difficultés techniques inhérentes au matériau : il existe 6 types de plastiques différents qui nécessitent chacun des processus adaptés, ce qui rend leur recyclage particulièrement complexe.

À lire aussi
Les triangles de recyclage plastique avec numéros et lettres
Bouteilles, barquettes, sachets, tubes, flacons, pots, bouchons… Le plastique est partout, sous toutes les formes. C’est le conditionnement le plus répandu pour la conservation des aliments, des cosmétiques et de nombreux autres produits. Mais que sait-on réellement du cycle de vie du plastique ? Qu’en est-il de son recyclage ? Et surtout, à quoi correspondent les numéros et lettres des triangles de recyclage sur les emballages plastiques ? Décryptage de ces symboles et de ces différents plastiques.

À l’heure actuelle, seuls le PET et le PEHD utilisés pour fabriquer les bouteilles et les flacons sont recyclés, ce qui laisse de côté une immense quantité de déchets plastiques.

À lire aussi
Tri sélectif : que puis-je mettre dans la poubelle jaune ?
Entre les différents types de plastiques, le carton, le papier et les boîtes de conserve, il est parfois difficile de savoir quel emballage peut être recyclé, et dans quelle poubelle de tri sélectif il doit être jeté. Voici un petit rappel des déchets que l’on peut mettre dans la poubelle jaune.

Le coût du recyclage et la délocalisation du traitement des déchets

Le recyclage du plastique est plus coûteux que la fabrication de plastique vierge. En effet, de nombreuses étapes sont nécessaires pour que la matière plastique puisse être réutilisée. Elle doit tout d’abord être collectée, puis triée pour séparer les plastiques recyclables des plastiques non recyclables.

Il faut ensuite nettoyer les plastiques recyclables, les décontaminer puis les broyer pour obtenir des paillettes. Celles-ci, une fois lavées, sont de nouveau transformées en granulés : c’est seulement à ce moment que le plastique peut réellement être réutilisé. Par conséquent, pour les industriels, le recyclage n’est majoritairement pas la solution privilégiée, pour des raisons purement économiques.

Par ailleurs, l’Occident produit tant de déchets que, faute de pouvoir ou de vouloir les traiter, il les exporte massivement. Après avoir longtemps envoyé leurs déchets en Chine, les pays d’Occident ont, à partir de 2018, ciblé différents pays d’Asie du Sud-Est. Les déchets qui leur sont envoyés dans le but d’être recyclés sont généralement les plus contaminés et les plus difficiles à traiter.

Par conséquent, si le recyclage a des vertus indéniables, il est loin d’être suffisant pour contrer la surconsommation et la surexploitation des ressources. Continuer à trier ses déchets est nécessaire, mais privilégier les achats de seconde main, la réparation au remplacement et réduire sa consommation est indispensable.

À lire aussi
Mode durable : les fripes pour préserver la planète et son portefeuille
Acheter ses vêtements en friperie permet de réduire la facture, qu’elle soit environnementale ou financière. Moins chers, les vêtements de seconde main permettent également de contribuer à la préservation des ressources de la planète. Découvrez tous les avantages des fripes. La mode durable.

Alternativi vous recommande :