L’impact environnemental du recyclage
Le processus de recyclage, s’il est globalement bénéfique, n’est pas pour autant neutre sur le plan environnemental. Ainsi, le recyclage du carton émet davantage de CO2 que son processus de fabrication à partir de matière vierge. Si ce n’est pas le cas du plastique, son transport, l’énergie et l’eau consommées pour le recycler ont tout de même un impact environnemental non négligeable.
De plus en plus de marques de prêt-à-porter commercialisent des chaussures ou des vêtements fabriqués à partir de déchets plastiques recyclés. L’initiative semble bonne, mais elle n’est pourtant pas si écologique qu’elle semble l’être à première vue.
D’une part, si les plastiques sont collectés à plus de 8 000 km (parcourus en camion) du lieu de production, le bilan carbone du recyclage est plus lourd que celui de l’incinération ou du recyclage des déchets sur place. De plus, pour concevoir ces produits, les fabricants vont devoir ajouter aux matières recyclées des matières neuves, ce qui entraîne la consommation de nouvelles ressources.
Ensuite, ces vêtements et chaussures vont, à chaque lavage, rejeter de grandes quantités de microparticules de plastique, qui rejoindront les cours d’eau et les océans, et seront ingérées par les poissons et autres organismes aquatiques, intégrant ainsi la chaîne alimentaire.
Enfin, ces déchets plastiques ne sont pas recyclables à l’infini, mais 1 à 5 fois maximum, le plastique se dégradant à chaque recyclage, ce qui ne règle pas le problème sur le long terme.
Les produits recyclés sont donc beaucoup moins intéressants, d’un point de vue environnemental, que les vêtements et autres objets de seconde main, pour lesquels aucune ressource supplémentaire n’est utilisée.
Le recyclage sert trop souvent à justifier le tout-jetable
Le recyclage est loin de pouvoir faire face à notre niveau actuel de consommation. L’extraction de matières premières est aujourd’hui en essor permanent, et progresse entre 2 et 3 fois plus vite que les capacités de recyclage.
En parallèle, malgré certaines mesures d’interdiction, les produits jetables, à usage unique ou ayant une durée de vie très courte, continuent à être produits à grande échelle. Pour se dédouaner, les fabricants utilisent de plus en plus l’argument du recyclage, qui est pourtant largement insuffisant pour « absorber » ces flux de déchets.
En France, 50 % des emballages en plastique ne sont pas ou très difficilement recyclables. En cause, des infrastructures insuffisantes, mais aussi les difficultés techniques inhérentes au matériau : il existe 6 types de plastiques différents qui nécessitent chacun des processus adaptés, ce qui rend leur recyclage particulièrement complexe.
À l’heure actuelle, seuls le PET et le PEHD utilisés pour fabriquer les bouteilles et les flacons sont recyclés, ce qui laisse de côté une immense quantité de déchets plastiques.
Le coût du recyclage et la délocalisation du traitement des déchets
Le recyclage du plastique est plus coûteux que la fabrication de plastique vierge. En effet, de nombreuses étapes sont nécessaires pour que la matière plastique puisse être réutilisée. Elle doit tout d’abord être collectée, puis triée pour séparer les plastiques recyclables des plastiques non recyclables.
Il faut ensuite nettoyer les plastiques recyclables, les décontaminer puis les broyer pour obtenir des paillettes. Celles-ci, une fois lavées, sont de nouveau transformées en granulés : c’est seulement à ce moment que le plastique peut réellement être réutilisé. Par conséquent, pour les industriels, le recyclage n’est majoritairement pas la solution privilégiée, pour des raisons purement économiques.
Par ailleurs, l’Occident produit tant de déchets que, faute de pouvoir ou de vouloir les traiter, il les exporte massivement. Après avoir longtemps envoyé leurs déchets en Chine, les pays d’Occident ont, à partir de 2018, ciblé différents pays d’Asie du Sud-Est. Les déchets qui leur sont envoyés dans le but d’être recyclés sont généralement les plus contaminés et les plus difficiles à traiter.
Par conséquent, si le recyclage a des vertus indéniables, il est loin d’être suffisant pour contrer la surconsommation et la surexploitation des ressources. Continuer à trier ses déchets est nécessaire, mais privilégier les achats de seconde main, la réparation au remplacement et réduire sa consommation est indispensable.